Belges ou expatriés, étudiants, employés ou voyageurs : le difficile travail d'identification touche à sa fin près d'une semaine après les attentats de Bruxelles qui ont fait 35 morts de neuf nationalités, et 340 blessés.

La Belgique a payé un lourd tribut. Sur les 28 victimes identifiées et décédées sur place le 22 mars lors des attaques coordonnées à l'aéroport de Bruxelles et à la station de métro de Maelbeek, 16 sont originaires du plat pays.

Les noms d'Olivier Delespesse, 45 ans, fonctionnaire à la fédération de Wallonie-Bruxelles, et de Léopold Hecht, un étudiant en droit belge de 20 ans de l'Université Saint-Louis de Bruxelles dont la famille a fait don des organes dans l'espoir de «sauver une vie», ont été parmi les premiers a être rendus publics.

Bart Migom, 21 ans, étudiant en marketing, se rendait lui aux États-Unis pour voir sa petite amie.

«C'est une souffrance qu'on ne peut pas décrire. Je la partage avec toutes les familles des victimes à Paris, Tunis et ailleurs», a confié pour sa part le journaliste belge Michel Visart, qui a perdu sa fille Lauriane dans l'explosion du métro, à la télévision RTBF pour laquelle il travaille.

Fabienne Vansteenkiste, 51 ans, est morte alors qu'elle avait prolongé de deux heures son service au comptoir d'enregistrement de l'aéroport pour aider un collègue, a raconté son mari sur la chaîne de télévision française TF1. «Elle me disait tout le temps : "je vais mourir dans un attentat"», a-t-il ajouté.

Mélomane, illustratrice, réfugiée...

Le quotidien belge Le Soir rapporte de son côté le décès d'une jeune musicienne et mélomane de 29 ans, Mélanie Defize, dans l'attaque du métro. Elle travaillait depuis trois ans pour une maison de disque indépendante spécialisée dans le jazz.

Ancien diplomate pour la Belgique, le Franco-Belge André Adam, 79 ans, est mort à l'aéroport «en tentant de protéger son épouse», qui a pour sa part été blessée, selon le journal régional La République des Pyrénées. Le couple se préparait à partir à Miami, aux États-Unis.

Dans la capitale européenne, ville cosmopolite, c'est le monde entier qui a été touché.

Des expatriés ont ainsi perdu la vie, comme l'Italienne Patricia Rizzo, 48 ans, qui travaillait dans une agence du Conseil européen de la recherche, ou Yves Ciyombo Cibuabua, Congolais de 27 ans, père de deux enfants de trois et cinq ans et employé dans une banque bruxelloise. Il était arrivé en Belgique il y a quelques années pour y étudier, selon Le Soir.

Londres a confirmé le décès de David Dixon, un informaticien de 51 ans vivant en Belgique.

Une Péruvienne, Adelma Marina Tapia Ruiz, 37 ans, a été tuée à l'aéroport où elle se trouvait avec son mari belge et leurs petites jumelles.

Quatre Américains ont également trouvé la mort, dont un couple, Justin et Stephanie Sultz, qui venaient d'accompagner la mère de la jeune femme à l'aéroport et qui vivaient à Bruxelles depuis 2014, selon l'employeur de l'un d'eux, le fabricant de filtres Clarcor.

La mort de deux autres citoyens américains a été confirmée sans plus de précision «par respect envers les familles», a souligné le département d'État.

Deux Suédoises sont mortes dans les attaques : une femme de 60 ans et My Atlegrim, 30 ans, installée depuis plusieurs années à Bruxelles où elle travaillait comme illustratrice.

Il y a enfin des voyageurs de passage, dont Elita Weah, 41 ans, réfugiée libérienne qui avait acquis la nationalité de son pays d'adoption, les Pays-Bas, où elle était bénévole dans une maison de retraite, et qui se rendait aux funérailles de son beau-père aux États-Unis. Elle était originaire du comté de Grand Gedeh, selon le ministère des Affaires étrangères du Liberia.

Deux autres Néerlandais figurent parmi les personnes tuées : Alexander et Sascha Pinczowski, un frère et une soeur qui vivaient à New York et s'apprêtaient à embarquer sur un vol à destination des États-Unis.

Une Allemande originaire d'Aix-la-Chapelle, un ressortissant chinois et une Marocaine sont aussi morts dans les attentats.

Ceux-ci ont aussi fait 340 blessés, de vingt nationalités différentes. Lundi, 96 étaient encore hospitalisés, dont deux en France et une «en route pour les États-Unis», selon le ministère belge de la Santé.

Plusieurs centaines de personnes se recueillent à la cathédrale de Bruxelles

Plusieurs centaines de personnes se sont recueillies lundi en fin d'après-midi à la cathédrale de Bruxelles, lors d'une cérémonie oecuménique en mémoire des victimes des attentats, a constaté l'AFP.

Dans les premiers rangs, un homme en fauteuil roulant, attelle à une jambe, rescapé des attentats, confie timidement être là pour «être ensemble», «malgré tout ce qui se passe». La cathédrale Saints-Michel-et-Gudule était comble, environ un millier de personnes ayant répondu à l'appel des chefs religieux, selon un décompte de l'AFP.

À l'invitation de l'archevêque de Malines-Bruxelles, des représentants des communautés musulmane, juive, anglicane, protestante et évangélique ont partagé un moment de prière lors d'une cérémonie d'environ une heure.

«La paix est beaucoup plus qu'une absence de violence (...) Il n'y a pas un vrai vivre ensemble s'il n'y a pas un profond et sincère respect pour l'autre», a lancé Monseigneur Jozef De Kesel dans son homélie.

«Aucune violence au nom de Dieu ne peut être tolérée», a-t-il ajouté, saluant la solidarité affichée depuis les attentats et l'absence d'appel à la vengeance.

Un moment de silence profond, long de plusieurs minutes, a marqué la cérémonie. De nombreuses personnes ont gardé les yeux fermés, tête baissée, dans l'immense cathédrale, lumineuse avec ses pierres blanches, où les dizaines de bougies posées au pied de l'autel se reflétaient dans le sol poli.

En toute fin de la veillée, les membres des différents services d'intervention - police, secours -, invités, ont reçu une ovation spontanée, chaleureuse et chargée d'émotion au moment où ils quittaient la cathédrale.

Parmi les visiteurs, de nombreux employés de l'aéroport de Bruxelles, scène de la première attaque, étaient présents, reconnaissables à leur gilet jaune fluo de sécurité.

Kamar Takkal est intervenue au nom de la communauté musulmane. La jeune femme, venue redonner «courage et espoir aux gens», a terminé son intervention gorge nouée en citant l'abbé Pierre: «Je continuerai à croire même si tout le monde perd espoir».

Les attaques ont été commises «au nom de la haine. Est-ce que la haine a une religion? Non», avait-elle confié quelques minutes avant le début de la cérémonie à des journalistes.

«Avant tout, nous célébrons la solidarité entre tous les citoyens, quelle que soit leur appartenance religieuse ou philosophique. Pour défendre ensemble la démocratie éclairée», a souligné de son côté Philippe Markiewicz, président du Consistoire central israélite de Belgique.

À l'issue de la semaine pascale pour les catholiques, c'est un message de paix et d'espoir qui a été adressé lundi.

«Nous sommes venus pour être en union avec tous les gens qui souffrent, dans l'idée du message pascal. Et pas seulement ici chez moi, mais cela se passe partout dans le monde», a expliqué Élisabeth, une Bruxelloise de 64 ans venue avec son mari Jean-Paul. «La communion de la pensée positive, c'est la seule chose qui peut changer le monde».