« La vie continue! Allez on y va! ». Le conducteur de métro claque la porte de sa cabine et démarre. Au lendemain des attentats qui ont frappé la capitale belge, les Bruxellois tâchaient de reprendre leur routine en bravant leurs angoisses.

Après une journée d'interruption totale, le trafic du métro a repris partiellement mercredi peu après 7 h (6 h GMT). Le tronçon incluant la station de Maelbeek où une rame a explosé mardi matin est resté fermé, remplacé par des navettes de bus.

Toutes les stations ne sont pas desservies. À l'entrée des 11 stations souterraines rouvertes - sur une soixantaine au total -, les sacs sont systématiquement fouillés.

Au métro Schuman, principal arrêt pour les institutions européennes situé à une station de Maelbeek, le quai est beaucoup plus clairsemé que d'habitude.

« Il va où celui-là? ». Les usagers scrutent les panneaux, s'interrogent entre eux, montent dans une rame, en redescendent... La seule inquiétude apparente semble celle de trouver le bon métro.

Mais Dominique Salazar, étudiante en technique sociale de 18 ans, confesse avoir « un peu peur ». « Surtout avec (ses) deux petits frères » âgés de 3 et 6 ans qu'elle accompagne à l'école. « Mais on n'a pas le choix pour se déplacer », soupire-t-elle.

« Je ne réalise pas encore trop ce qui s'est passé, je suis encore dans la routine. C'est peut-être mieux », confie Pierre Pardon, fonctionnaire dans un centre public d'action sociale, en route pour son travail.

Lui aussi avoue une certaine appréhension. « Forcément. On a appris que le fils d'une collègue de ma femme qui était dans la rame est mort cette nuit. Moi, à 20 minutes près, j'étais à Maelbeek. Il faut croire que ce n'était pas mon heure », glisse cet homme en costume, le jour de ses 43 ans.

« Ne pas tomber dans la paranoïa »

Valérie, 40 ans, secrétaire dans un organisme de petite enfance, a « hésité à prendre une journée de congé, mais il y a une grosse charge de travail ».

Sera-t-elle plus vigilante? « Je n'ai pas trop le temps, je suis trop occupée à trouver comment ça fonctionne, où vont les métros, quelles stations sont ouvertes... », sourit-elle.

« Et puis je ne veux pas tomber dans la paranoïa. Il y a des gens qui s'occupent de la sécurité », dit-elle, en montrant trois militaires en patrouille, fusils d'assaut sur la poitrine.

« Normalement, on a l'appréhension de ne pas arriver en retard. Aujourd'hui, c'est un peu différent. Je suis animatrice dans un centre scolaire, je ne peux pas faire de télétravail », explique Hélène, 27 ans. « Et je ne vais pas changer ma vie parce trois gugusses ont décidé qu'ils voulaient changer le monde », affirme-t-elle, emmitouflée dans son manteau, le visage rougi par le froid.

« C'est vide, ça me surprend et ça me chagrine un peu », explique Jean-Claude Debecker, un policier de 61 ans qui n'a, lui, « aucune appréhension ». « Si ça doit arriver, ça arrivera », glisse-t-il, fataliste.

En surface, les vélos étaient, malgré la pluie, plus nombreux qu'à l'accoutumée dans les rues de Bruxelles, pourtant peu réputées pour la sécurité de leurs pistes cyclables.

« Les gens ne sont pas totalement sereins », constatait Vasco, employé d'une grande surface arrivé en train d'Enghien, à une trentaine de kilomètres de Bruxelles. « Mais on arrive encore à sourire, j'ai vu des gens blaguer sur les événements d'hier. L'esprit belge reste puissant. »