Alors que le bilan des victimes ne cesse de s'alourdir, New Delhi et Washington ont accusé hier le Pakistan d'être impliqué d'«une manière ou d'une autre» dans les attentats qui ont secoué les rues de Bombay mercredi soir.

Dans un point de presse, le président américain, George W. Bush, a affirmé que les services du contre-terrorisme américain dirigeaient leurs soupçons vers un groupe islamiste installé au Cachemire. Selon Washington, Lashkar-e-Taiba a bénéficié «par le passé» du soutien des services de renseignement pakistanais et «s'est parfois entraîné avec Al-Qaeda».

Le premier ministre de l'Inde, Manmohan Singh, a également déclaré que «des éléments» pakistanais pourraient être responsables de l'orchestration des attaques. Les autorités indiennes ont ajouté que plusieurs, sinon la totalité des 10 assaillants qui auraient perpétré les attaques coordonnées sur Bombay étaient d'origine pakistanaise.

Islamabad n'a pas tardé à réagir à ces accusations. Dans un entretien diffusé sur la chaîne de télévision indienne CNN-IBN, le président pakistanais, Asif Ali Zardari, a appelé son voisin à ne pas réagir de façon excessive et trop rapide aux attaques.

«Pour l'heure, aucune preuve ne nous a été fournie», a soutenu le ministre pakistanais des Affaires étrangères, Shah Mehmood Qureshi, à l'issue d'une réunion extraordinaire de son gouvernement consacrée à ces accusations.

«Nous sommes un État responsable, un voisin responsable et nous nous comporterons et agirons de manière responsable s'il apparaît que les auteurs ou des auteurs des attaques de Bombay ont un quelconque lien avec le Pakistan», a-t-il affirmé.

«Nous avons les mains propres, nous n'avons rien à cacher, a-t-il poursuivi. Le gouvernement et toutes les institutions du Pakistan sont unanimes: le Pakistan n'est pas impliqué dans cet acte de terrorisme effroyable... Nous proposons notre soutien moral et matériel plein et entier au gouvernement indien. Il faut absolument faire baisser la tension entre les deux pays.»

Selon les autorités indiennes, 10 hommes armés auraient participé à l'attaque et aux prises d'otages dans deux hôtels et un centre juif de Bombay.

«Neuf ont été tués et un capturé», a annoncé Vilasrao Deshmukh, le premier ministre de l'État de Maharashtra, dont Bombay est la capitale. «Nous l'interrogeons.» Son adjoint a précisé qu'il s'agissait d'un Pakistanais prénommé Mohammad Ajmal Qasam.

Le bilan s'alourdit

Le dernier bilan du bureau de gestion des catastrophes à Bombay fait état de 195 morts et 295 blessés. Deux Canadiens, dont le médecin montréalais Michael Moss, six Américains, deux Français ainsi que des ressortissants d'Israël, d'Australie, d'Italie, de Grande-Bretagne, d'Allemagne, du Japon, de Chine, de Thaïlande et de Singapour sont du nombre. Vingt membres des forces de l'ordre auraient également péri lors des opérations.

Trente-deux personnes, dont quatre étrangers, ont été tuées à l'hôtel Oberoi-Trident, a annoncé hier le propriétaire du complexe hôtelier. Le comédien montréalais Michael Rudder, qui a été atteint de trois balles lors d'une fusillade dans le restaurant de l'hôtel, repose toujours dans un état stable à l'hôpital.

Deux employées d'Exportation et développement Canada, Jennifer Dean Brooy et Alison Nankivell, également au Oberoi-Trident lors des attaques, s'en sont tirées saines et sauves. Elles seraient en direction du Canada. Quant à Hellen Connoly, professeure de yoga de torontoise qui a été effleurée par une balle, elle a reçu son congé de l'hôpital. L'identité du deuxième Canadien décédé est toujours inconnue.

Ce triste bilan risque toutefois de s'alourdir dans les prochains jours car c'est seulement hier que les derniers otages ont été libérés de l'hôtel Taj Mahal et que les trois terroristes qui l'assiégeaient ont été tués par un commando. Hier encore, les autorités indiennes fouillaient les chambres du luxueux hôtel à la recherche d'autres morts.

Avec AP, AFP, Reuters, The New York Times et The Ottawa Citizen