Dzhokhar Tsarnaev, inculpé lundi sur son lit d'hôpital pour sa participation présumée au double attentat du marathon de Boston et passible de la peine de mort, a déclaré qu'aucun groupe terroriste international n'y avait pris part, selon CNN.

Selon la chaîne de télévision américaine, une source gouvernementale anonyme a affirmé que «les interrogatoires préliminaires de Tsarnaev avaient montré que les deux frères pouvaient être considérés comme des jihadistes qui se sont radicalisés par eux-mêmes», en dehors de toute organisation.

Le suspect survivant a également accusé son frère Tamerlan, 26 ans, tué vendredi dernier à l'issue d'une course poursuite avec la police, d'avoir dirigé les attaques qui ont fait trois morts et 200 blessés la semaine dernière, selon CNN.

«Dzhokhar Tsarnaev (...) a affirmé que son frère voulait empêcher l'Islam d'être attaqué», selon la source citée par CNN.

Les charges signifiées au jeune Américain de 19 ans par une cour fédérale comprennent l'utilisation d'«armes de destruction massives» ayant entraîné la mort, a indiqué le ministère de la Justice.

Une première audience a été fixée au 30 mai devant le tribunal fédéral de Boston.

Lors de l'inculpation, la juge a affirmé que l'accusé était «alerte, en possession de ses capacités mentales, et lucide», selon le ministère qui a publié les minutes de la comparution.

Grièvement blessé à la gorge, il a acquiescé de la tête à plusieurs reprises et a juste répondu «non» lorsque la juge lui a demandé s'il avait les moyens de se payer un avocat.

L'inculpation du jeune d'origine tchétchène signifie qu'il ne sera pas traité en «ennemi combattant» et donc pas traduit devant un tribunal militaire d'exception.

Dans un procès verbal publié lundi, le FBI a fait le récit détaillé des événements jusqu'à l'arrestation de Dzhokhar.

Il y raconte comment ses agents ont épluché les images tournées par des spectateurs et celles des caméras de surveillance et ont remarqué parmi les spectateurs les deux frères portant d'«imposants sacs à dos».

Leurs motivations restent cependant obscures, entre la radicalisation islamiste supposée de l'aîné, son éventuelle emprise sur son cadet ou la frustration sociale de jeunes hommes arrivés aux États-Unis il y a plus de dix ans.

«Cinq mois et treize jours» au Daguestan en 2012

Des spécialistes des interrogatoires doivent notamment le questionner sur d'éventuels complices et d'autres projets d'attentats.

Le chef de la police de Boston, Ed Davis, a rappelé qu'ils avaient encore trois bombes rudimentaires à leur disposition lors de leur affrontement avec les policiers.

Paralysée vendredi par la traque du cadet, l'agglomération de Boston avait repris lundi une activité presque habituelle.

Un périmètre de sécurité était toujours maintenu aux abords de la scène de l'attentat, où commerces et restaurants restaient portes closes.

Tandis qu'une cinquantaine de personnes restaient hospitalisées lundi, Boston s'est figée pour plusieurs minutes de silence en hommage aux victimes.

La femme de Tamerlan, Katherine Russell, une Américaine convertie à l'islam avec laquelle il a eu une fille, a refusé de parler aux policiers, selon son avocat, cité par les médias américains. L'enquête se poursuivait avec l'analyse des relevés téléphoniques, bancaires et des ordinateurs des suspects.

L'une des pistes s'oriente vers la Russie et les «cinq mois et treize jours» passés par Tamerlan au Daguestan en 2012, a indiqué à l'AFP une source parmi les autorités locales.

Pendant son séjour, il «s'est trouvé au moins quatre fois dans la ligne de mire des forces de l'ordre» alors qu'il était en compagnie d'un autre jeune homme surveillé pour ses liens supposés avec le milieu islamiste clandestin, selon cette source.

Mais une mauvaise orthographe de son nom pourrait être l'une des raisons pour lesquelles il aurait échappé au radar du FBI et des services secrets russes, a avancé lundi le sénateur américain Lindsey Graham.

«Le FBI m'a confié que la raison pour laquelle son nom n'est pas apparu dans le système est qu'il était mal orthographié», a-t-il affirmé, précisant: «Nous ne savons pas si c'est lui qui l'a mal orthographié» ou si c'est la compagnie aérienne russe, Aeroflot.