Le président Barack Obama a condamné mercredi l'attaque «terrifiante» et «lâche» contre l'hebdomadaire satirique français Charlie Hebdo à Paris, soulignant avoir l'offert l'aide des États-Unis pour que les «terroristes» qui en sont responsables soient traduits en justice.

Son ministre des Affaires étrangères John Kerry a lui exprimé, en français, la solidarité des États-Unis à l'égard de la France, après cet attentat qui a fait 12 morts.

«Nos pensées et nos prières vont vers les victimes de cette attaque terroriste et vers le peuple français en ce moment difficile», a écrit le président américain dans un communiqué publié quelques heures après cet attentat, le plus meurtrier depuis au moins 40 ans en France.

«Le fait qu'il s'agisse d'une attaque contre des journalistes (...) montre à quel point ces terroristes ont peur de la liberté d'expression et de la liberté de la presse», a-t-il ajouté peu après lors d'une brève déclaration dans le Bureau ovale.

La France et les États-Unis partagent la conviction profonde que «la liberté d'expression ne peut être entamée par la violence insensée de quelques-uns», a-t-il ajouté, soulignant qu'il espérait pouvoir parler au président français François Hollande dans la journée «La France, et la merveilleuse ville de Paris où cette attaque scandaleuse a eu lieu, sont pour le monde une référence intemporelle qui demeurera bien au-delà de la vision haineuse de ces tueurs», a poursuivi le président des États-Unis.

«La France est le plus vieil allié de l'Amérique», a-t-il ajouté, soulignant que la coopération anti-terroriste avec Paris était «excellente».

Insistant sur le fait que ce type d'attaque pouvait survenir «n'importe où dans le monde»,  M. Obama a affiché sa volonté de rester vigilant «pas seulement pour les Américains vivant à Paris mais pour les Américains vivant en Europe, au Moyen-Orient et dans d'autres endroits du monde».

John Kerry, francophone et francophile, a tenu à parler en français lors d'une conférence de presse à Washington afin de s'«adresser directement aux Parisiens et à tous les Français pour leur dire que tous les Américains se tiennent à leurs côtés».

Le chef de la diplomatie américaine, dont une partie de la famille est française et qui est un habitué de Paris, a exprimé «l'horreur, la colère et la condamnation de ce terrible acte de violence».

«Aucun pays ne sait mieux que la France que la liberté a un prix parce que c'est en France que de nombreux idéaux démocratiques ont vu le jour», a lancé le ministre, rendant encore hommage aux «libertés d'expression et de la presse».

En 2012, lorsque Charlie Hebdo avait publié des caricatures de Mahomet, Jay Carney, porte-parole de la Maison-Blanche à l'époque, avait dit: «Nous nous posons des questions sur le jugement qui a conduit à publier de telles choses», tout en jugeant que cela ne pouvait justifier «en aucun cas la violence».

«Nous devons faire preuve de vigilance face aux ennemis de la liberté», a quant à lui expliqué le président républicain de la Chambre des représentants, John Boehner, sur son compte Twitter.

Le sénateur Dick Durbin s'est, lui, exprimé en français pour rappeler le soutien apporté par la France aux États-Unis après les attentats du 11-Septembre. «À ce moment tragique, nous sommes tous Parisiens, nous sommes tous Francais», a-t-il dit.

À New York, le maire Bill de Blasio a demandé une minute de silence «pour ceux qui sont morts aujourd'hui à Paris». Il a appelé son homologue à Paris Anne Hidalgo «pour lui présenter ses condoléances et exprimer le soutien sans faille de New York au peuple de Paris», ont indiqué ses services.

À Paris, l'ambassade des États-Unis a symboliquement changé l'avatar de son compte Twitter en reproduisant le slogan «Je suis Charlie», en hommage à l'hebdomadaire.

Ban Ki-moon «consterné» par l'attaque «contre la liberté de la presse»

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon s'est dit mercredi «consterné» par l'attentat contre la rédaction de Charlie Hebdo, qualifié «d'attaque contre la liberté d'expression et la liberté de la presse, deux piliers de la démocratie».

«Cette attaque vise à diviser, nous ne devons pas tomber dans ce piège», a souligné M. Ban, qui s'exprimait en français devant la presse au siège de l'ONU.

Se disant «profondément bouleversé» par cet attentat «abominable et injustifiable», il a exprimé «sa solidarité avec le gouvernement et le peuple français». «Mes pensées vont aussi aux familles et aux proches des victimes», a-t-il déclaré.

«C'est le moment de montrer notre solidarité», a-t-il ajouté en anglais. «Partout dans le monde, nous devons soutenir fermement la liberté d'expression et la tolérance et nous opposer aux forces de la division et de la haine.»

Le Conseil de sécurité de l'ONU devait publier dans la journée une déclaration condamnant l'attentat, selon des diplomates du Conseil.

Pays et institutions arabes condamnent aussi l'attaque

LE CAIRE - La Ligue arabe et nombre de ses pays membres ainsi qu'Al-Azhar, principale autorité de l'islam sunnite, ont tous condamné mercredi avec force l'attentat «terroriste» contre le journal satirique français Charlie Hebdo.Al-Azhar a déploré une attaque «criminelle», soulignant que «l'islam dénonce toute violence», tandis que la Ligue arabe, également basée au Caire, a condamné «avec force cette attaque terroriste» qui a fait 12 morts.

De son côté, l'Arabie saoudite a condamné cet acte «lâche, qui est rejeté par l'islam comme il est rejeté par les autres religions», et exprimé ses condoléances.

Pour le Qatar, régulièrement accusé de soutenir des factions islamistes extrémistes dans des pays comme la Syrie et la Libye, «de tels actes visant des civils non armés contredisent tous les principes et toutes les valeurs morales et humaines».

Les Émirats arabes unis, Bahreïn, l'Irak, la Libye et la Jordanie ont également condamné l'attentat tandis que l'Égypte a affirmé être «aux côtés de la France face au terrorisme qui nécessite un effort international conjoint pour y mettre fin».

Le président palestinien Mahmoud Abbas a évoqué «un acte horrible qui va à l'encontre des principes de la religion et de la morale».

Dans un message de condoléances à son homologue français François Hollande, le président algérien Abdelaziz Bouteflika a souligné que «le peuple algérien, qui a souffert pendant de longues années des affres du terrorisme, mesure l'émotion du peuple français ami». Dans un autre communiqué, le ministère des Affaires étrangères, tout en exprimant sa «solidarité» met en garde «contre les amalgames et la stigmatisation des communautés musulmanes d'Europe qui sont les premières à pâtir des déviations de certains individus ou groupes marginaux».

En Tunisie, le président du parti islamiste Ennahda, Rached Ghannouchi, s'est dit «horrifié et indigné par l'acte lâche et criminel ayant visé les journalistes et le personnel de Charlie Hebdo». «Nous condamnons avec la plus grande fermeté ces actes terroristes, leurs auteurs, leurs instigateurs et tous ceux qui les soutiennent», a-t-il ajouté dans un communiqué en français.

Au Maroc, le roi Mohammed VI affirme avoir appris avec «une profonde émotion la triste nouvelle du lâche attentat terroriste» et condamné «fermement cet acte haineux».

L'Union internationale des oulémas musulmans, basée à Doha, a qualifié l'attaque de «pêché, quels qu'en soient les coupables et ceux qui les soutiennent». Cet organisme dirigé par l'influent prédicateur islamiste Youssef al-Qaradaoui, considéré comme l'éminence grise des Frères musulmans, appelle «les autorités et le peuple français à s'unir contre l'extrémisme».

Cet attentat sans précédent, le plus meurtrier en France depuis des décennies, fait penser à une vengeance des islamistes radicaux qui avaient promis de punir le journal pour avoir publié en 2006 des caricatures du prophète Mahomet.