La promenade des Anglais, théâtre de l'attentat de Nice, est «une route totalement interdite aux poids lourds» et un camion n'aurait jamais dû pouvoir s'en approcher, a fortiori un jour férié, a expliqué mercredi à l'AFP le président de la Fédération nationale des transports routiers des Alpes-Maritimes.

Le boulevard qui longe le littoral niçois, comme d'ailleurs l'ensemble du territoire de la ville de Nice, fait l'objet d'un arrêté municipal permanent, daté du 29 septembre 2014, interdisant la circulation des véhicules dont le poids total est égal ou supérieur à 3,5 tonnes.

Il existe toutefois des dérogations à cet arrêté, a fait valoir auprès de l'AFP la municipalité de Nice, évoquant par exemple les camions de déménagement ou les livraisons. «Si on voit un camion circuler dans Nice le 14 juillet, cela ne suffit pas pour simplement l'arrêter, il peut avoir une dérogation», a-t-on souligné de même source.

Jeudi peu avant 23h00 (heure locale), c'est au volant d'un poids lourd de 19 tonnes que Mohamed Lahouaiej Bouhlel, chauffeur-livreur, a foncé délibérément sur la foule réunie pour le feu d'artifice, faisant 84 morts et de nombreux blessés. Voyant le camion s'engager sur la Promenade des Anglais sur la vidéosurveillance, les agents municipaux donnent alors l'alerte «en 20 secondes», pointe encore la municipalité.

L'enquête a montré que Mohamed Lahouaiej Bouhlel avait fait ce qui s'apparente à des repérages avec son camion les jours précédents, circulant les 12 et 13 juillet sur la Promenade des Anglais.

«C'est une route totalement interdite aux poids lourds», répète le président de la FNTR des Alpes-Maritimes, Patrick Mortigliengo. «Vous avez des gens pour la sécurité, on est en alerte maximum et on voit passer un camion qui va, qui vient, qui fait des repérages, et personne ne s'en inquiète», s'étonne-t-il.

Alors maire de Nice, l'actuel président de la région Paca, Christian Estrosi, s'était félicité en octobre 2014 de «la verbalisation de 16 poids lourds» ayant «emprunté la Promenade des Anglais comme voie de transit» et annoncé que la police municipale continuerait «ces contrôles qui participent au rayonnement et au bien vivre de notre ville».

Pour M. Mortigliengo, ce manque de vigilance des forces de l'ordre est d'autant plus incompréhensible que «tous les jours fériés, sur l'ensemble des routes de l'Hexagone, les poids lourds de plus de 7,5 tonnes transportant des marchandises n'ont pas du tout le droit de circuler de 22h00 la veille à 22h00 le jour même».

Cette interdiction citée par M. Mortigliengo relève d'un arrêté préfectoral, que la police municipale ne peut pas faire respecter, a encore souligné la mairie de Nice.

Par ailleurs, M. Mortigliengo a précisé que le camion loué par Mohamed Lahouaiej Bouhlel n'était pas, selon lui, un «camion frigorifique», contrairement à ce qu'a indiqué le procureur François Molins.

Les camions de ce type sont en effet généralement équipés de moteurs de refroidissement de marque Thermo King ou Carrier, facilement reconnaissables, car «placés en haut de la cabine et collés contre la caisse frigorifique» selon lui. Et ce camion n'en disposait pas, assure M. Mortigliengo.