Le gouvernement français va proposer au Parlement de prolonger de deux mois l'état d'urgence, instauré après les attentats du 13 novembre, pour couvrir la période de l'Euro 2016 de soccer cet été «au vu de la menace», a annoncé mercredi le premier ministre Manuel Valls.

Ce régime d'exception, décrété dans la foulée des attentats djihadistes à Paris, avait déjà été prolongé en février de trois mois, jusqu'au 26 mai. Le gouvernement veut désormais l'étendre jusqu'au 26 juillet dans la perspective de l'Euro 2016 qui se tient en France du 10 juin au 10 juillet.

Depuis son entrée en vigueur, des partis de gauche et des associations de défense des droits de l'homme et des libertés publiques se sont inquiétés d'un risque de pérennisation de ce régime.

François Hollande avait proposé de l'inscrire dans la constitution, mais il a finalement dû renoncer, faute de consensus politique sur cette réforme qui comprenait également le très controversé élargissement de la déchéance de nationalité.

Affirmant que l'état d'urgence ne peut être un «état permanent», Manuel Valls a plaidé pour son prolongement de deux mois supplémentaires «au vu de la menace». «Face à cette menace, nous avons besoin de donner ces pouvoirs, ces possibilités, sous le contrôle du juge, sous le contrôle du Parlement, pour permettre une meilleure riposte face au terrorisme», a-t-il argumenté.

Le premier ministre a ajouté que l'Euro 2016, où les organisateurs attendent 2 millions de visiteurs, mais aussi le Tour de France cycliste (en juillet), justifiait la prolongation de l'état d'urgence. Cette mesure devait être présentée mercredi en Conseil des ministres par le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve.

Les autorités multiplient les exercices pour parer à d'éventuelles attaques durant les matchs de l'Euro qui se dérouleront dans plusieurs grandes villes aux quatre coins de la France, telles Bordeaux, Lille ou Marseille, outre le Stade de France à Paris.

Un député de droite, Eric Ciotti, a salué la prolongation tout en ironisant sur le «manque d'anticipation» du gouvernement: «Le gouvernement ne savait pas qu'il y avait l'Euro ou le Tour de France? On va délibérer pour la troisième fois devant le Parlement pour prolonger l'état d'urgence. C'est le symbole de cette impréparation du gouvernement», a-t-il déclaré.

L'état d'urgence permet notamment à l'État d'assigner à résidence toute personne «dont l'activité est dangereuse pour la sécurité et l'ordre publics» et d'ordonner «des perquisitions à domicile de jour comme de nuit» sans passer par l'autorité judiciaire.

Depuis la proclamation de l'état d'urgence en novembre, «plus de 3500 perquisitions ont été menées (...) débouchant sur plus de 400 interpellations», a précisé la semaine dernière le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve.