Mohamed Abrini, un des principaux suspects des attentats de Paris, a été arrêté vendredi à Bruxelles, ainsi que quatre autres personnes, dans le cadre des enquêtes sur les sanglantes attaques du 13 novembre à Paris et du 22 mars à Bruxelles, selon la justice belge.

Ces arrestations constituent un important progrès dans les investigations sur la cellule djihadiste, basée en Belgique, qui a commis les tueries de Paris et de Bruxelles (162 morts au total).

«Cet après-midi, Mohamed Abrini a (...) été arrêté à Anderlecht (une commune bruxelloise)... En même temps que lui, deux personnes ont également été privées de liberté», a indiqué un porte-parole du parquet, Thierry Werts, au cours d'un point de presse.

Outre son lien avec Salah Abdeslam, suspect-clé des attaques du 13 novembre à Paris, les enquêteurs se demandent si Mohamed Abrini, un Belgo-Marocain de 31 ans, pourrait être le troisième auteur, «l'homme au chapeau», des attentats à la bombe à l'aéroport international de Bruxelles-Zaventem le 22 mars.

Les autorités belges avait émis jeudi un nouvel avis de recherche pour tenter de retrouver «l'homme au chapeau», diffusant de nouvelles images de vidéo-surveillance et un clip vidéo retraçant son parcours, de sa sortie de l'aérogare jusqu'à ce que sa trace se perde à Bruxelles environ deux heures plus tard.

L'homme du métro ?

Dans la matinée de vendredi, la police belge a aussi arrêté deux autres individus, dont l'un, Osama K., connu sous le nom de Naïm Al Hamed, pourrait être l'individu ayant été en contact avec le kamikaze qui s'est fait sauter dans le métro de Bruxelles le même jour.

Les enquêteurs cherchent également à savoir si Osama K. est la même personne filmée dans un centre commercial en train d'acheter les sacs qui ont servi à transporter les bombes pour le double attentat-suicide à l'aéroport de Bruxelles-Zaventem.

Selon des médias, il s'agit d'Osama Krayem, un Suédois né en 1992 et habitant Malmö (sud).

Des opérations de police en cours à Anderlecht, une commune populaire de Bruxelles, ont pris fin peu avant 23h00, ont annoncé les médias.

«L'instruction se poursuit très activement», a affirmé Thierry Werts, ajoutant qu'il ne pouvait fournir plus de détails «à ce stade, (...) dans l'intérêt de l'enquête».

«Félicitations à tous les services de police et de sécurité ainsi qu'au parquet. La lutte contre le terrorisme continue», a promis dans un tweet le ministre belge de l'Intérieur Jan Jambon, dont la position a été fragilisée par les attentats.

Location à Alfortville

Bien connu des services de police pour de multiples vols ou pour détention de drogue, Mohamed Abrini est d'ores et déjà soupçonné d'avoir joué un rôle de premier plan dans la préparation des attentats parisiens.

«Il ressort de l'instruction sur les attentats de Paris que Mohamed Abrini et Salah Abdeslam ont loué l'appart-hôtel à Alfortville, juste avant les attentats», a révélé le parquet belge.

C'est dans cet appartement de la banlieue parisienne que plusieurs des kamikazes avaient séjourné peu avant les attentats dans la capitale française.

Mohamed Abrini, sous le coup d'un mandat d'arrêt émis par les juges français le 24 novembre, avait été vu dans les jours précédents les attentats de Paris en compagnie de Salah Abdeslam et de son frère Brahim qui s'est fait exploser dans une brasserie de cette ville.

Les 10 et 11 novembre, il les accompagne en voiture lorsqu'ils effectuent deux allers-retours entre Paris et Bruxelles pour louer des planques qui serviront au commando.

Il est aussi repéré le 12 en Belgique dans une station-service près de la frontière française à l'intérieur d'une des voitures du convoi qui emmènent les assaillants à Paris.

Mohamed Abrini, alias «Brioche», a grandi avec ses trois frères et ses deux soeurs dans la commune bruxelloise de Molenbeek, non loin de la famille Abdeslam.

Il est soupçonné d'avoir effectué un bref passage en Syrie à l'été 2015. Son jeune frère, Souleymane, 20 ans, y est mort en 2014 après avoir combattu dans la katiba (brigade islamiste) d'Abdelhamid Abaaoud, organisateur présumé des attentats parisiens.

Son interpellation intervient trois semaines après celle de Salah Abdeslam, arrêté à Molenbeek à l'issue de quatre mois de cavale au nez et à la barbe des autorités belges.

Ce dernier doit être remis aux autorités françaises «d'ici quelques semaines», selon son avocat Sven Mary, le temps que les enquêteurs belges l'entendent notamment sur les tueries de Bruxelles.

Le Conseil national de sécurité belge, réuni vendredi soir, a décidé de maintenir le niveau d'alerte terroriste à 3 (menace «possible et vraisemblable»).

PHOTO ARCHIVES POLICE FÉDÉRALE BELGE/AFP

Mohamed Abrini