«Prenons un instant pour nous souvenir»: trois mois après la tragédie du Bataclan, les Eagles of Death Metal ont fait leur retour mardi soir à Paris, sur la scène de L'Olympia, pour un concert placé sous haute sécurité mais aussi chargé d'émotion pour le groupe et ses fans.

Peu après 21h00, les rockers californiens ont été accueillis sur la scène de L'Olympia, salle de spectacle parisienne emblématique du quartier de l'Opéra, par une immense ovation du public qui comptait de nombreux rescapés de l'attentat, dont certains étaient venus avec des béquilles.

«On va passer un bon moment ce soir, personne ne pourra nous arrêter», a lancé Jesse Hughes, le leader du groupe, qui portait ses habituelles lunettes aux verres roses, le T-shirt noir du groupe et des bretelles rouges.

L'entrée du groupe s'est faite sur l'air de Il est cinq heures, Paris s'éveille, chanson célèbre (1968) de Jacques Dutronc, clin d'oeil à l'identité particulière de la capitale française, célébrée en signe de résistance après les attentats.

Au milieu du premier titre, I Only Want You le groupe s'est arrêté de jouer. «Prenons un instant pour nous souvenir, puis on recommencera à jouer», a dit Josh Homme derrière sa batterie. Moins d'une minute après, la chanson a repris.

«Je vous aime enfoirés, vous n'avez pas idée à quel point», a quant à lui lancé Jesse Hughes à la foule après quelques morceaux.

«Je suis devenu parisien»

«Vous et moi sommes coincés à présent: je suis devenu parisien. J'avais besoin de vous et vous ne m'avez pas laissé tomber», dira-t-il un peu plus tard.

Celui qu'on a vu pleurer à plusieurs reprises en évoquant la tragédie du Bataclan a assuré le spectacle tout au long de la soirée, levant son verre à la santé de la salle ou encore brisant une guitare sur le sol en rocker pur et dur.

Il a dédié le titre «Secret plans» à Nick Alexander, 36 ans, responsable commercial du groupe, tué au Bataclan.

Revenu sur scène avec une guitare électrique bleu-blanc-rouge, Jesse Hughes a fini ce concert de près de deux heures torse nu, dans une longue étreinte avec son ami Josh Homme, qui ne participait pas au concert du 13 novembre.

«J'ai vraiment réussi à prendre du plaisir», a dit à l'AFP en quittant le concert sourire aux lèvres, avec ses béquilles, Emmanuel Wechta, 42 ans. «Je n'étais pas venu pour une thérapie mais pour m'amuser et c'est ce que j'ai fait», a-t-il ajouté.

Pour un autre survivant, Alexis, 26 ans, «le concert a été difficile les trois quarts du temps». «Il a fallu attendre les rappels pour que je m'amuse».

Une équipe d'une trentaine de personnes avec des psychologues était présente pendant tout le concert à L'Olympia pour venir en aide aux survivants et à leurs proches.

Un périmètre de sécurité d'une ampleur exceptionnelle avait été mis en place aux abords de la salle de concert.

«Eagles of Death Metal: continuer à vivre, continuer à jouer: un hommage aux victimes, un chant pour la liberté», a posté le premier ministre, Manuel Valls sur son compte twitter avant le début du concert.

Le groupe avait repris ce week-end à Stockholm puis à Oslo, la tournée internationale qu'il avait suspendue au lendemain de l'attentat dans lequel ont été tuées 90 personnes pendant son concert au Bataclan.

Les Californiens ont retiré Kiss the Devil, le titre qu'ils jouaient au moment de l'attaque, de la liste de leurs morceaux depuis qu'ils ont repris les concerts.

Rebaptisée le «Nos Amis Tour», en français dans le texte, la tournée mondiale des EODM les emmènera dans les prochains mois à travers l'Europe, l'Amérique du sud, l'Amérique du nord et l'Australie. Elle compte deux autres dates en France, à Nîmes le 2 mars et à Lille le 7 mars.

Le groupe a clamé son intention d'être le premier à rejouer au Bataclan quand la salle pourra rouvrir. Une réouverture que les patrons de la salle espèrent pour fin 2016, après rénovation.