Les forces de police ont interpellé dans le sud de la Turquie un citoyen belge d'origine marocaine soupçonné d'être lié aux jihadistes responsables des attentats qui ont tué 130 personnes à Paris la semaine dernière.

Identifié sous le nom d'Ahmad (bien Ahmad) Dahmani, cet homme de 26 ans a été arrêté dans un hôtel de la station balnéaire d'Antalya, où il était arrivé le 14 novembre en provenance d'Amsterdam (Pays-Bas), ont rapporté à l'AFP deux responsables turcs qui s'exprimaient sous couvert de l'anonymat.

Avec lui, les policiers ont arrêté deux autres personnes avec lesquelles il se préparait à franchir illégalement la frontière syrienne, ont-ils ajouté.

«Nous pensons qu'il était en contact avec les terroristes qui ont perpétré les attentats de Paris. L'enquête se poursuit», a affirmé un des responsables, sans autre détail.

L'agence de presse Dogan a pour sa part affirmé qu'Ahmad Dahmani était soupçonné d'avoir participé au repérage des cibles des attentats, le stade de France, la salle de concert du Bataclan ainsi que des bars ou restaurants parisiens.

Cette hypothèse n'a pas été confirmée de sources officielles.

Le Belge, décrit comme un membre du groupe État islamique (EI), et ses deux complices, présentés comme des Syriens par Dogan, ont tous les trois été inculpés et écroués par la justice turque, selon les mêmes responsables.

Comme Ahmad Dahmani, plusieurs auteurs présumés des attaques de Paris sont des citoyens belges d'origine marocaine, à commencer par l'organisateur présumé de l'opération Abdelhamid Abaaoud, 28 ans, tué mercredi par la police française.

La plupart ont également rejoint, selon les enquêteurs français, les rangs de l'EI en Syrie et leur présence signalée en Turquie, le principal point d'entrée des jihadistes vers le territoire syrien. Deux des kamikazes présumés ont été contrôlés en Grèce dans les flots de migrants qui fuient la Syrie, via la Turquie, vers l'Europe.

«Partage de renseignements»

Les responsables turcs ont insisté avoir procédé aux arrestations d'Antalya sur la foi de renseignements exclusivement turcs.

«Si les autorités belges nous avaient alertées à temps, Dahmani aurait pu être appréhendé dès l'aéroport», a regretté l'un d'eux, «nous exhortons nos alliés à continuer à partager leurs renseignements avec nous».

«Le partage de renseignement est absolument nécessaire si la communauté internationale veut combattre le terrorisme», a insisté ce responsable.

Américains et Européens ont longtemps soupçonné le gouvernement islamoconservateur turc de complaisance avec les groupes rebelles syriens fondamentalistes, dont l'EI, et dénoncé leur manque d'empressement à démanteler les filières qui permettent à leurs recrues de rejoindre la Syrie via leur territoire.

Ankara a toujours nié ces accusations et reproche en retour à ses alliés leur manque de coopération, notamment dans le partage des renseignements.

Depuis un an, la Turquie a considérablement renforcé les contrôles à ses frontières.

Elle a établi une liste de plus de 26 000 jihadistes potentiels à qui elle interdit l'entrée sur son territoire. Elle a également multiplié les expulsions, plus de 2300 depuis le 1er janvier 2014 selon les dernières statistiques gouvernementales.

Les autorités turques ont enfin multiplié ces dernières semaines les interpellations dans les milieux jihadistes, en particulier après l'attentat-suicide attribué à l'EI qui a fait 103 morts devant la gare d'Ankara le 10 octobre.

Antalya, où les trois suspects ont été arrêtés, a accueilli dimanche et lundi derniers sous très haute surveillance le sommet des chefs d'État et de gouvernement des vingt pays les plus riches de la planète, qui ont promis de renforcer leur coopération dans la lutte contre le groupe Etat islamique.