Pour la première fois depuis dix ans en France, un couvre-feu a été décrété après une saisie d'armes dans une ville moyenne du centre du pays, Sens, en vertu de l'état d'urgence instauré après les attentats du 13 novembre.

La mesure, qui interdit de circuler de 22 h à 6 h, s'appliquera à toute la population d'un quartier sensible de cette ville d'environ 25 000 habitants. Elle fait suite à la découverte d'armes et de faux papiers lors de perquisitions menées dans la nuit de jeudi à vendredi.

Dans le cadre de l'état d'urgence, les préfets ont la possibilité d'«interdire la circulation des personnes ou des véhicules» dans certains lieux ou à certaines heures. Cette disposition n'avait pas été utilisée depuis des émeutes urbaines en 2005.

Depuis les attaques djihadistes qui ont fait 130 morts à Paris, selon un dernier bilan, près de 800 perquisitions ont été menées par les forces de l'ordre et 90 personnes ont été placées en garde à vue, selon le ministre de l'Intérieur. Quelque 157 personnes ont également été assignées à résidence, d'après le premier ministre.

Une perquisition a notamment eu lieu dans la nuit de jeudi à vendredi à la mosquée Sunna de Brest (ouest), a indiqué la préfecture. C'est dans cette mosquée qu'exerce l'imam salafiste Rachid Abou Houdeyfa, dont les vidéos aux propos intégristes ont plusieurs fois fait polémique sur les réseaux sociaux.

Vendredi matin, le logement et le véhicule d'une cousine de Fabien Clain, le djihadiste qui a prêté sa voix à la revendication des attentats par l'organisation État islamique, ont également été perquisitionnés dans l'Orne, à l'ouest de la région parisienne. «Plusieurs armes ont été découvertes», a annoncé la préfecture du département.

Mercredi, un homme «soupçonné de soutenir la mouvance islamiste radicale» vivant à Feyzin, dans la région de Lyon (centre-est), a été inculpé et emprisonné après la découverte à son domicile d'un «arsenal de guerre», comprenant un lance-roquettes, selon une source judiciaire.

Les perquisitions administratives, sans passer par l'autorité judiciaire, sont rendues possibles par l'état d'urgence, qui devrait être prolongé de trois mois à l'issue d'un vote du Sénat vendredi.

Par ailleurs, un lycéen de 18 ans a été écroué et sera jugé le 10 décembre pour avoir fait, dans des tweets, l'apologie du terrorisme après les attentats, a-t-on appris vendredi auprès du parquet de Caen (ouest).