Ce sont des spécialistes des assauts risqués, qui montent au front contre les pires terroristes. Le RAID, le commando de la police française qui est intervenu hier à Saint-Denis, est constamment sollicité depuis un an. À Paris, La Presse s'est entretenue avec l'ancien chef des négociateurs de l'unité, Christian Caupenne, pour dresser le portrait d'une équipe devenue mythique.

Missions difficiles

Fondé il y a 30 ans, le RAID (pour Recherche, Assistance, Intervention, Dissuasion) est l'unité d'élite de la police nationale, destinée à intervenir partout en France pour contrer le terrorisme et le «grand banditisme». Elle est notamment intervenue lors de l'attaque du marché Hyper Cacher en janvier et à la salle de spectacle Bataclan, vendredi dernier. 

Selon le chef de la police nationale, Jean-Marc Falcone, l'assaut à Saint-Denis a été l'un des plus difficiles que ses troupes ont connu. «Les scènes vécues par le RAID sont très dures. Même ces hommes rodés à la violence ont été marqués», a-t-il déclaré hier à ce sujet.

Équipement à la fine pointe

«On ne peut pas engager une unité plus compétente et mieux équipée», assure Christian Caupenne. Récemment, un reportage de la chaîne de radio RTL a présenté certains des gadgets mis au point par l'équipe, dont le Dog Raider, un robot télécommandé destiné à guider un chien d'assaut vers un suspect retranché dans un édifice, ou encore le Door Raider, un dispositif qui remplace les béliers manuels et peut appliquer une pression de sept tonnes pour faire sauter une porte.

Chiens en appui

Une chienne d'assaut du RAID, une malinoise de 7 ans appelée Diesel, a été tuée par les suspects lors de l'opération à Saint-Denis, hier. Le RAID dispose d'une dizaine de chiens détecteurs d'explosifs et de cinq chiens d'assaut, entraînés à mordre et à ne lâcher prise sous aucun prétexte. «Le nez d'un chien, c'est quelque chose qu'on ne peut pas remplacer», explique Christian Caupenne.

Une mission qui change

Le RAID a affronté toute une panoplie de groupes armés en 30 ans, qu'il s'agisse des terroristes d'extrême gauche du groupe Action directe, des militants du Groupe islamique armé algérien, de l'ETA basque ou du Front de libération nationale de la Corse. Mais la menace a changé. «Ce qui a changé, c'est la doctrine. Autrefois, la négociation était centrale. Aujourd'hui, elle est devenue très difficile, à cause du type de terrorisme [qui ne cherche généralement à obtenir aucune concession des autorités]», constate M. Caupenne.

Des liens avec le Canada

À l'époque où il était cadre au RAID, Christophe Caupenne avait regardé de l'autre côté de l'Atlantique pour s'inspirer des pratiques canadiennes. «En ce qui a trait à l'expertise en négociation, nous avions eu des échanges avec la police montée, mais aussi avec l'École nationale de police du Québec», se souvient-il. 

Autre lien avec le Canada: le RAID avait été engagé dans une longue fusillade en 1996 avec ce qu'on appelait le Gang de Roubaix, des vétérans de la guerre en Bosnie qui multipliaient les vols à main armée pour financer le djihad et qui étaient liés au réseau islamiste du Montréalais Fateh Kamel.