Pour son premier discours aux Nations unies en quarante années de pouvoir, Mouammar Kadhafi a occupé mercredi pendant 1h36mn la tribune de l'Assemblée générale. L'occasion pour le dirigeant libyen de s'en prendre au Conseil de sécurité et, plus généralement, à l'ONU elle-même, accusée de ne pas avoir empêché 65 guerres depuis sa création en 1945.

Après une heure de discours, Mouammar Kadhafi s'est plaint d'être fatigué, expliquant subir les effets du décalage horaire de dix heures entre New York et la Libye, et avoir dû se lever tôt pour venir à l'Assemblée générale.

Au bout d'une heure et trente minutes, l'interprète, épuisé, a dû être remplacé par un autre traducteur. Avant que Mouammar Kadhafi achève finalement son discours après 1h36mn. Loin des 4h30mn du dirigeant cubain Fidel Castro à la même tribune en 1960, mais bien au-delà des 15 minutes normalement imparties aux intervenants.

Pendant ce discours fleuve, le dirigeant libyen a appelé à une réforme du Conseil de sécurité, soit par l'abolition du droit de veto des cinq membres permanents, soit par l'ajout de nouveaux membres pour accroître sa représentativité. «On ne devrait pas l'appeler le Conseil de sécurité, mais le «conseil de la terreur», a-t-il déclaré.

Selon M. Kadhafi, les cinq membres permanents -Etats-Unis, Chine, France, Grande-Bretagne et Russie- traitent les autres membres comme des «pays de second rang, méprisés». «Aujourd'hui, mes frères, il n'y a plus de respect pour les Nations unies, plus d'égards pour l'Assemblée générale», a-t-il estimé.

Mouammar Kadhafi s'est exprimé à la tribune à la suite du président américain Barack Obama, après avoir demandé une pause d'environ 15 minutes. La secrétaire d'Etat américaine Hillary Rodham Clinton et l'ambassadrice des Etats-Unis à l'ONU Susan Rice ont quitté la salle avant qu'il prenne la parole.

Déplorant encore «l'inégalité» entre les pays membres des Nations unies, il a ensuite souligné l'échec de l'ONU à empêcher de nombreux conflits depuis sa création en 1965. «Soixante-cinq guerres d'agression ont eu lieu sans une action collective des Nations unies pour les empêcher», a-t-il affirmé.

Pour sa première venue aux Nations unies depuis son accession au pouvoir il y a 40 ans, le gouvernement libyen avait choisi le parc d'une somptueuse demeure appartenant au milliardaire Donald Trump située à Bedford, dans le comté de Westchester, à 70km de Manhattan, pour planter la traditionnelle tente bédouines de Moammar Kadhafi. Mais la municipalité de Bedford a menacé de porter plainte mercredi si les travaux d'installation de la tente se poursuivaient, et le dirigeant libyen a finalement élu domicile à la mission libyenne à Manhattan.