Plusieurs des 33 mineurs miraculés du Chili sont revenus dimanche sur le site de la mine San José, pour se recueillir et visiter le campement où leurs familles ont vécu et entretenu l'espoir de leur sauvetage pendant plus de deux mois.

Treize mineurs, accompagnés de leurs proches, se sont réunis dans un espace privé à l'écart de la presse, pour une cérémonie oecuménique autour du vice-président de la conférence épiscopale du Chili, Gonzalo Duarte, et d'un pasteur évangélique.

Trois mineurs, dont leur chef sous terre Luis Urzua, le Bolivien Carlos Mamani, et Omar Reygadas, ont pris la parole pour remercier Dieu de l'issue heureuse du sauvetage, ont-ils indiqué à la sortie.

Mais leurs brèves déclarations à la centaine de journalistes à la sortie, ont surtout été pour demander un peu d'espace afin d'«être au calme pour un moment», comme l'a déclaré Juan Carlos Aguilar, l'un des 33.

«C'était bien cette messe (sic), cette rencontre», a déclaré Claudio Acuna, qui comme ses compagnons a ensuite parcouru en famille les recoins du village de toile, que les familles avaient baptisé «Camp Espoir».

Le camp est devenu, pendant les 69 jours de calvaire des mineurs à 600 m sous terre, le symbole de la foi et de l'attente des familles.

Né de quelques chaises et couvertures, pour passer les premières nuits de recherches après l'éboulement souterrain du 5 août, il est devenu un village de toile permanent, avec cantine, relais téléphonique, toilettes portatives, et même une classe, mis à disposition par des municipalités de ce Nord minier.

Au moment du sauvetage des mineurs mercredi, il était une ruche de près de 4.000 personnes, dont 2.000 journalistes venus du monde entier.

«Ceci était une ville», a commenté Claudio Yanez, l'un des «33» venu avec sa petite fille dans les bras, en contemplant les tentes à présent vidées, battues par les vents du désert d'Atacama. Les mineurs ont aidé dimanche à les démonter.

«Tous ont souffert ici au dehors ce que nous souffrions en bas», a commenté Dario Segovia.

Aux abords de la mine, un groupe d'employés de San Esteban, le groupe gérant la mine accidentée et au bord de la faillite, ont attiré dimanche l'attention sur leur avenir professionnel incertain. «San Esteban, nous ne sommes pas 33, nous sommes 300», clamait une banderole.

Plusieurs mineurs avaient prévenu qu'ils n'iraient pas ce dimanche à San José, en raison de la fatigue ou de célébrations familiales tard samedi.

Depuis jeudi, 32 des 33 mineurs ont pu quitter l'hôpital de Copiapo où ils étaient en observation ou soins, et ont regagné leur foyer.

Un dernier, Victor Zamora, devrait rester en observation jusqu'à mardi, pour suivi de problèmes dentaires.

Dans le monde, l'impact des 33 résonne encore: l'exposition universelle de Shanghai recevra mardi un des trois exemplaires de la nacelle «Phénix», utilisée pour remonter les mineurs à la surface, pour «reflèter l'épopée extraordinaire» du Chili, a annoncé le ministre chilien de l'Intérieur.

La nacelle métallique de 4 m de long, 53 cm de diamètre et 450 kg, doit être expédiée d'ici lundi, pour être exposée aux derniers jours de l'Exposition universelle (jusqu'au 31 octobre), a précisé le ministre Rodrigo Hinzpeter.

De Londres, ou il entame une tournée européenne qui le conduira à Paris et Berlin, le président chilien Sebastian Pinera a estimé samedi soir que l'odyssée des 33 avait donné au monde un «bon exemple d'engagement, de courage, de foi, d'espérance et d'unité».

Il a aussi proposé l'aide du Chili à la Chine, après une catastrophe minière à Yuzhou (centre) qui a tué samedi 26 mineurs, et piégé 11 autres, pour lesquels les sauveteurs avaient dimanche peu d'espoirs.