Le sauvetage des 33 mineurs emprisonnés pendant près de 70 jours dans une mine du désert chilien a tenu le monde en haleine comme peu d'événements auparavant, sa couverture médiatique pouvant sans peine rivaliser avec celle des attentats du 11 septembre 2001.

Au total, plus de 2 000 journalistes ont fait le voyage jusque dans le désert d'Atacama pour couvrir le «happy end» de cette saga souterraine sans précédent.

«C'est le genre d'histoires que les gens aiment», relève Dan Kennedy, qui enseigne le journalisme à la Northeastern University de Boston (Massachusetts, nord-est des États-Unis), pour expliquer la frénésie médiatique qui a entouré le sauvetage des «33».

«C'est un drame humain qui a connu une fin heureuse (...). Je pense que les médias voulaient en être. Ils se sont dit que cela doperait leur taux d'audience, et c'est ce qui s'est passé», ajoute-t-il.

Pour preuve: la chaîne française d'information continue i-TELE s'est offert sa plus longue couverture en direct d'un événement. Les caméras de la chaîne sont restées braquées 31 heures sur la mine de San José.

Pas étonnant dès lors que ce sauvetage puisse se hisser, selon Dan Kennedy, au niveau des attentats du 11-Septembre, de l'invasion de l'Irak en 2003 ou de l'élection de Barack Obama à la présidence américaine en 2008 en termes de couverture médiatique.

Pour le quotidien USA Today il s'agirait même «de l'émission de télé-réalité la plus captivante de tous les temps».

Aux États-Unis, les chaînes d'informations --CNN en tête-- ont chamboulé leurs programmes pour retransmettre en direct la remontée des mineurs à l'air libre.

La secrétaire d'État Hillary Clinton, à Bruxelles pour un sommet de l'OTAN, a même raconté avoir été rivée à l'écran pour suivre le sauvetage. «Avec le décalage horaire, cela a été difficile, mais je ne suis pas arrivée à décrocher», a-t-elle expliqué à la chaîne américaine ABC jeudi matin.

Tim Miller, responsable du service étranger chez la britannique Sky News, a indiqué à l'AFP que la chaîne «a émis toute la journée depuis le Chili sans que nous ne revenions une seule fois à nos studios de Londres, ce qui est rare».

«C'était une bonne histoire d'un point de vue journalistique. Nous avons multiplié par cinq nos taux d'audience moyens pour un mercredi», a-t-il souligné.

En Espagne, Canal 24, la chaîne d'info en continu de la télévision publique a couvert les quatre à cinq premières heures du sauvetage sans interruption.

«Nous n'avions pas consacré autant de temps de direct à un même sujet depuis la catastrophe aérienne de Spanair» à l'aéroport de Madrid qui avait fait 154 morts en août 2008, a témoigné la journaliste Alejandra Herranz.

En Corée du Sud, la chaîne YTN a dit avoir consacré plus de temps au sauvetage qu'à n'importe quel autre événement à l'étranger depuis le 11-Septembre.

Et lorsque les chaînes de télévision n'ont pas retransmis d'images en direct, elles se sont repliées sur Internet, à l'instar de la suédoise SVT, de la belge RTL-TVI ou de la BBC.

Le site de socialisation Facebook n'a pas été en reste, puisque selon Andrew Noyes, un porte-parole du site, les statistiques indiquent qu'au moment de la sortie du premier mineur, les utilisateurs chiliens ont envoyé quelque 478 messages par minute consacrés au sujet.

«Une journée de bonheur pour le Chili s'est transformée en une journée de bonheur pour le monde entier», a résumé le quotidien allemand Die Welt.