La justice chilienne a resserré l'étau sur le groupe propriétaire de la mine San José, où sont bloqués 33 mineurs depuis le début du mois d'août, en gelant à la demande de l'État ses biens estimés à 9,7 millions de dollars pour couvrir le coût des secours.

Un tribunal de Santiago, saisi par le conseil représentant les intérêts juridiques de l'État, a accédé à une requête de bloquer le patrimoine du groupe minier San Esteban, propriétaire de la mine de cuivre et d'or de San José, où les 33 hommes sont prisonniers depuis sept semaines.

«Il s'agit de l'étape préalable à une demande formelle de recouvrement pour les sommes investies dans les secours», indiquait la requête du Conseil de défense de l'État, que la justice a suivie.

Le patrimoine de San Esteban comprend notamment la machinerie minière du groupe, 32 véhicules, ainsi que des titres de 64 propriétés minières dans la région d'Atacama, où se situe le gisement de San José.

Le gisement est le seul en activité du groupe, qui emploie environ 240 salariés en plus des 33 mineurs.

Aucune estimation officielle n'a encore été donnée pour la facture des secours, mais le ministre des Mines Laurence Golborne a indiqué en début de mois que l'opération «va coûter des millions et des millions de dollars».

Ce coût a été assumé par l'État depuis le début des recherches, le 5 août.

Trois puits de secours sont actuellement en cours de percement par des excavateurs pour remonter à la surface les 33 mineurs piégés à 700 mètres sous terre, une gigantesque opération d'ingénierie et de secours comprenant le suivi médical et le ravitaillement des hommes depuis la surface.

Les «33» devraient être extraits début novembre, selon le pronostic des autorités.

La justice, saisie par des familles de mineurs, avait déjà gelé le mois dernier 1,8 million de dollars que devait percevoir San Jose de la vente de cuivre. La mesure visait d'éventuelles demandes d'indemnités à venir.

Dans un processus distinct, un expert a été nommé jeudi pour se prononcer sous 30 jours sur la viabilité financière de San Esteban, au bord de la faillite faute de production depuis l'accident du 5 août à San José.

Au total, le groupe doit 10,4 millions de dollars à 300 créanciers.

Les salaires des employés de San Esteban ont été versés pour août, ainsi qu'une avance de la moitié de septembre, mais rien n'est garanti pour la suite. L'État a assuré travailler au reclassement des employés, avec 180 offres d'emploi minier reçues à la fin août.

En outre, les dirigeants de San Esteban sont eux-mêmes sous le feu de la justice: la famille d'un des 33 mineurs a déposé plainte fin août contre la direction pour «manquement au devoir» pour avoir rouvert la mine en 2008, malgré la mort d'un employé en 2007 après un accident.

San Esteban se retrouve toutefois accusée aux côtés de l'État dans cette procédure, car la plainte vise aussi l'organe régulateur, le Service national de géologie et des mines (Sernageomin), pour n'avoir pas empêché cette réouverture.