En Malaisie, une mère a rendu hommage à son fils mort dans les attentats du 11 septembre 2001. À Manille, des roses ont été déposées en mémoire d'une victime des attaques qui a construit des maisons pour les pauvres. À Tokyo, des gens se sont rassemblés en mémoire de 23 employés d'une banque qui ont péri dans les attentats à New York.

Une décennie après les pires attentats terroristes survenus aux États-Unis, des dirigeants du monde et de simples citoyens ont pris un moment pour réfléchir à la portée de cette journée qui a changé la vie de nombreuses personnes. Mais d'autres, dont un ancien premier ministre malaisien, en ont profité pour raviver la théorie selon laquelle le gouvernement américain était derrière les attentats.

De l'Australie à l'Espagne, des cérémonies formelles ont rendu hommage aux quelque 3000 personnes originaires de 90 pays qui ont perdu la vie dans les attaques. Signe que la menace n'est pas disparue, la police suédoise a annoncé l'arrestation de quatre personnes soupçonnées d'avoir préparé un attentat terroriste. À New York et à Washington, les autorités ont renforcé la sécurité après l'annonce, la semaine dernière, d'une menace d'attentat à la voiture piégée.

Lors d'une messe à Ancône, en Italie, le pape Benoît XVI a prié pour les victimes et a exhorté le monde à résister à ce qu'il a appelé la «tentation de la haine» et à travailler pour la solidarité, la justice et la paix.

Le Colisée de Rome devait s'illuminer en soirée en signe de solidarité. Des cérémonies étaient aussi prévues à la cathédrale Notre-Dame de Paris et à la cathédrale St. Paul de Londres.

Pour certaines personnes, la douleur est toujours aussi vive, même dix ans plus tard. En Malaisie, Pathmawathy Navaratnam s'est réveillée dimanche dans sa maison de la banlieue de Kuala Lumpur et a fait la même chose qu'elle fait chaque matin depuis une décennie: dire «bonjour» à son fils, Vijayashanker Paramsothy, un analyste financier de 23 ans mort le 11 septembre 2001 à New York.

«Il est mon soleil. Il a vécu sa vie au maximum, mais je ne peux accepter qu'il ne soit plus là», a dit Mme Navaratnam. «Je vis encore, mais je suis morte à l'intérieur.»

À Manille, des dizaines de personnes qui vivaient autrefois dans des bidonvilles ont offert des roses, des ballons et des prières en mémoire de l'Américaine Marie Rose Abad. En 2004, le mari de Mme Abad, Rudy, un Américano-Philippin, a construit 50 maisons colorées pour répondre à la dernière volonté de sa femme, qui souhaitait aider les Philippins pauvres. Un village porte maintenant son nom.

Les attentats du 11 septembre 2001 ont donné naissance à plusieurs théories du complot à travers le monde, et en particulier chez les islamistes, qui pensent que les États-Unis ou Israël étaient impliqués.

L'ancien premier ministre malaisien Mahathir Mohamad, un virulent pourfendeur de l'Occident, a écrit dans son blogue que les musulmans arabes étaient incapables de planifier de telles attaques. Selon lui, il n'est «pas impossible» que l'ancien président américain George W. Bush ait menti sur les responsables des attentats.

Au Pakistan, une centaine de partisans d'un parti politique islamiste ont organisé des manifestations contre les États-Unis à Islamabad et à Multan, brandissant des bannières reprenant les théories du complot. À Karachi, une centaine de personnes ont aussi manifesté contre la guerre en Afghanistan, déclenchée en réponse aux attentats.

Quelques dizaines de manifestants se sont rassemblés devant l'ambassade des États-Unis à Londres. Certains d'entre eux ont mis le feu à une réplique du drapeau américain durant la minute de silence qui marquait le moment où le premier avion détourné s'est écrasé sur le World Trade Center. Un petit groupe de musulmans tenait une contre-manifestation à proximité.

Les talibans ont marqué l'événement en promettant de continuer à combattre les forces américaines en Afghanistan, tout en affirmant n'avoir aucun lien avec les attentats.

«Chaque année, le 11 septembre rappelle aux Afghans un événement dans lequel ils n'ont joué aucun rôle», affirme un communiqué des talibans transmis par courriel aux médias. «Le colonialisme américain a répandu le sang de dizaines de milliers d'Afghans innocents et misérables.»

Mais peu d'attention a été portée à ces manifestations et à ces déclarations, en cette journée dominée par la douleur et le souvenir.

Au Japon, des familles se sont rassemblées à Tokyo pour rendre hommage aux 23 employés de la banque Fuji qui n'ont jamais réussi à sortir de leur bureau du World Trade Center. La moitié d'entre eux étaient Japonais.

À Sydney, en Australie, une cérémonie multiconfessionnelle a eu lieu à la cathédrale St. Mary's en mémoire des victimes.

Rae Tompsett, 81 ans, qui a assisté à la cérémonie, a affirmé n'avoir jamais été en colère contre la mort de son fils Stephen, 39 ans, un ingénieur informatique qui se trouvait au 106e étage de la tour nord du World Trade Center quand elle a été frappée.

«Non, pas de colère», a-t-elle dit. «Du chagrin. Je suis triste que les gens qui ont fait cela aient pensé qu'ils faisaient quelque chose de bien.»

Lors d'une cérémonie à la chapelle Grosvenor de Londres, Courtney Cowart, qui a presque été enterrée vivante quand la tour nord du World Trade Center s'est écroulée, a raconté la peur qu'elle a ressentie quand elle est retournée à Ground Zero cinq ans plus tard.

«En entrant dans le coeur des ténèbres, j'étais pétrifiée. Nous sommes devenus tout petits à côté des débris immenses qui s'élevaient autour de nous. C'était un paysage dépourvu de toute couleur», a-t-elle raconté.