Comme plusieurs Québécois, Jean Charest se souvient exactement de ce qu'il faisait le matin du 11 septembre 2001, lorsque le premier avion a percuté l'une des tours jumelles du World Trade Center. Afin d'honorer la mémoire de tous ceux qui ont péri dans cette tragédie, le premier ministre du Québec et quelques membres de son cabinet ont participé ce matin à une cérémonie au centre de commerce mondial de Montréal, où une plaque commémorative a été dévoilée.

«Dix ans plus tard, le souvenir est encore très vif», a déclaré M. Charest après la commémoration, qui s'est déroulée en présence du consul général adjoint des États-Unis, Scott Boswell. «Ce matin-là, j'avais des rencontres à mon bureau de la place Ville-Marie et quelqu'un est entré dans mon bureau pour me dire qu'un avion avait frappé une des tours. Nous avons ouvert la télé et soudainement, il y a eu une deuxième frappe. À ce moment, on réalisait que ça ne pouvait plus être un accident.»

M. Charest, qui était le chef de l'opposition officielle à l'époque, a pris le téléphone pour parler à sa femme, puis à ses enfants. «Beaucoup de familles ont fait cela. Les gens s'appelaient entre eux, ils avaient besoin de savoir où était l'autre. Pendant toute la journée, c'était la consternation. On était en choc devant l'ampleur des événements et le questionnement que ça apportait... C'était vraiment surréel.»

Selon le premier ministre du Québec, les relations entre le Québec et les États-Unis ont changé au lendemain des attentats. «Ç'a littéralement changé le cours de l'histoire. Ç'a changé nos relations avec l'extérieur, les questions de sécurité et de commerce», a-t-il expliqué. «Il y a un ancien ambassadeur américain au Canada, Paul Cellucci, qui, dans un discours, a encapsulé ce changement en faisant le constat suivant: jusqu'au 11 septembre 2001, la relation entre le Canada et les États-Unis c'était le commerce. Mais après le 11 septembre 2001, la sécurité est devenue l'enjeu le plus important. À partir de ce moment, c'est venu conditionner tous les autres enjeux entre le Canada et les États-Unis.»

Le maire de Montréal, Gérald Tremblay ainsi que les ministres Raymond Bachand, Christine Saint-Pierre, Kathleen Weil et Nicole Ménard étaient présents à la cérémonie. Le choix d'installer une plaque au centre de commerce mondial de Montréal a été le fruit d'une réflexion de la part du gouvernement du Québec.

«Les tours qui ont été attaquées évoquaient le commerce international et ici, c'est aussi un centre de commerce international. Le commerce c'est plus que des biens et des services: c'est des hommes et des femmes qui sont en lien les uns avec les autres. C'est un symbole aussi de liberté au sens le plus noble du terme.»

Jean Saint-Onge, le directeur des affaires économiques à la délégation générale du Québec à New York le jour du 11 septembre 2001 était aussi à la cérémonie. «On ne peut pas rester insensible et ne pas garder des souvenirs marquants de cette période», a-t-il remarqué après la commémoration. «Cet événement a redéfini la géopolitique et a rendu les enjeux de sécurité beaucoup plus élevés en Amérique du Nord. Par la suite, nous avons dû travailler avec les États-Unis pour s'assurer que la frontière ne devienne pas un empêchement au commerce ou au déplacement des personnes.»