La Fédération internationale des ligues des droits de l'homme (FIDH) demande l'abrogation des lois sécuritaires adoptées par les démocraties au lendemain des attentats du 11 septembre, dont les effets pervers continuent de se faire sentir dix ans après, estime-t-elle.

«Le 11 septembre 2001 a également marqué le début d'une véritable régression des droits et libertés. Les attentats ont été immédiatement suivis de l'adoption par de très nombreux pays, y compris les pays démocratiques, en premier lieu les États-Unis et le Royaume-Uni, de législations d'exception», rappelle la FIDH dans un dossier sur le 11 septembre publié sur son site.

«Ces textes ont légalisé la possibilité de détenir pour une période indéterminée des non ressortissants, sans aucune charge précise, sur la simple suspicion de leur participation à des activités terroristes ou de liens même supposés avec des organisations terroristes», souligne-t-elle.

La lutte contre le terrorisme a également «servi de prétexte au recours à la torture dans des centres de détention tels que Guantanamo ou Abou Ghraïb sous contrôle américain, ou dans de nombreux autres centres de détention nationaux secrets», juge-t-elle.

Pour la FIDH, ces mesures prises par les démocraties ont permis à de nombreux États autoritaires d'utiliser des législations similaires pour légitimer la répression des défenseurs des droits de l'Homme.

«Au prétexte de la lutte contre le terrorisme, de nombreuses dictatures ont longtemps bénéficié du soutien souvent inconditionnel, de pays occidentaux, leur permettant de se maintenir au pouvoir», indique-t-elle.

La FIDH cite en exemple le cas du régime tunisien «qui s'est maintenu faisant peser la menace terroriste en cas de changement de pouvoir» ou du pouvoir yéménite qui a utilisé «la lutte contre le terrorisme comme un paravent afin de détourner le regard de la communauté internationale des exactions commises à l'encontre du mouvement de protestation» débuté en février.

D'autres États invoquent la lutte contre le terrorisme pour continuer d'agir en toute impunité, ajoute-t-elle, citant comme exemple «les autorités russes dans le Caucase du Nord ou la Chine à l'encontre de ses minorités».