Dix ans après les attentats du 11 septembre, le mythe selon lequel la frontière «poreuse» du Canada aurait été utilisée par les terroristes pour pénétrer chez nos voisins du sud persiste toujours aux États-Unis - mais aussi au Canada.

Un nouveau sondage La Presse Canadienne - Harris/Décima suggère que plus d'un Canadien sur cinq est toujours convaincu du bien-fondé de cette légende urbaine, alors que plus d'un tiers des répondants ont refusé de répondre à la question.

Il s'agit tout de même d'une amélioration notable par rapport aux résultats d'un sondage semblable mené en juillet 2009.

À l'époque, 29 pour cent des répondants croyaient que les terroristes étaient passés par le Canada avant d'atteindre les États-Unis. Le sondage concluait aussi que ce mythe à la couenne dure était davantage répandu au nord qu'au sud de la frontière canado-américaine.

Aux États-Unis, les parlementaires à Washington sont nombreux à croire à cette version erronée de l'Histoire, malgré les efforts des représentants du Canada sur place.

Frank McKenna, un ancien premier ministre néo-brunswickois et ambassadeur canadien aux États-Unis en 2005 et 2006, a même qualifié le phénomène d'«infection virale», tant il était répandu.

En 2010, une étude de l'Institut Fraser concluait que les membres du Congrès américain accusaient «avec persistance et à répétition» le Canada d'avoir offert sur un plateau d'argent un laissez-passer à certains terroristes responsables des attentats du 11 septembre 2001.

Gary Doer, l'actuel ambassadeur du Canada à Washington, est même intervenu l'année dernière pour contredire un candidat du Tea Party qui relayait publiquement la légende.

Selon Maryscott Greenwood, spécialiste du commerce international au Conseil des affaires canado-américaines, il ne fait aucun doute que les événements du 11 septembre ont provoqué un resserrement des mesures de sécurité à la frontière, avec des effets négatifs pour les voyageurs, mais aussi pour les commerçants et les manufacturiers des deux côtés de la frontière.

«Par exemple, depuis le 11 septembre, les entreprises doivent mettre beaucoup plus d'efforts dans la sécurisation de leur chaîne d'approvisionnement. À présent, les compagnies doivent pouvoir retracer la provenance de tous les produits qu'elles achètent, et s'assurer qu'elle soit authentique et sans danger, un processus coûteux et qui demande beaucoup de temps», a-t-elle illustré.

«En même temps, les gouvernements ont redoublé d'efforts pour traiter l'information plus efficacement. Les inspections des marchandises sur les trains aux rayons gamma, par exemple: cette technologie n'aurait jamais évolué aussi vite n'eût été du 11 septembre.»

Mme Greenwood note aussi la mise en place du programme Nexus, qui permet à certains grands voyageurs d'être considérés comme «dignes de confiance» par les services frontaliers, et de passer les douanes plus rapidement que jamais.