Pour Julie Griffin et Allie Stahlman, le 10e anniversaire des attentats du 11 septembre 2001 ne marque pas seulement un des jours les plus sombres de l'histoire des États-Unis, mais aussi le plus triste de leurs jeunes vies.

Julie Griffin avait neuf ans et Allie Stahlman presque sept quand leurs pères ont été tués dans l'attentat contre la tour nord du World Trade Center à New York.

Dix ans après, le chagrin est le même.

«C'est dur de penser que je vis sans mon père depuis dix ans, mais est-ce que cela ira mieux quand j'en aurai 20, 30 ou 40?», demande Julie à l'AFP, à l'occasion d'une colonie de vacances d'une semaine qui regroupe des jeunes ayant perdu un proche dans un attentat.

«Chaque anniversaire est difficile, quel que soit son numéro, parce que cela nous rappelle qu'ils sont partis», dit-elle. «Et on n'oublie pas le 11-Septembre pendant un an en attendant le prochain anniversaire, on vit avec tous les jours».

Pour Allie Stahlman, le chagrin remonte à la surface à chaque événement lui rappelant que son père n'est plus là.

«Quinze jours après la mort de mon père, il y avait un bal dans ma ville où les pères devaient danser avec leur fille. Et moi, je ne pouvais pas y aller», se souvient-elle. «Je n'ai pu fêter mes 16 ans avec lui, et je sais que plus tard, il ne me conduira pas à l'église le jour de mon mariage».

«Ce ne sont pas les anniversaires, ce ne sont pas les jours où il fait un beau ciel bleu, comme le 11 septembre 2001, qui sont les plus durs. Ce sont les jours où je voudrais être avec lui, et que je ne peux pas», dit-elle.

Mis en place en 2008, le camp d'été Project Common Bond (Lien commun) rassemblait cette année des enfants venus d'Argentine, Israël, Liberia, Irlande du Nord, Russie, Espagne, Sri Lanka, Etats-Unis et des territoires palestiniens, qui ont tous perdu un proche dans un attentat.

Tous, même ceux qui n'ont pas vraiment connu le père, la mère ou le membre de la famille tué, disent que le temps ne cicatrise pas leur blessure. Et le chagrin se réveille à chaque anniversaire.

Joanne Murphy, 19 ans, n'a jamais connu sa grand-mère tuée il y a 40 ans lors des «troubles» en Irlande du Nord.

«Chaque anniversaire est pénible à supporter, même si les événements remontent à longtemps», dit-elle.

«Pour moi, c'est dur de penser que ma mère n'a jamais eu ce que j'ai eu: une mère pour m'accompagner le jour de la rentrée, le fait de savoir qu'elle est là quand je rentre à la maison».

Pour Mijal Tenenbaum, 17 ans, dont le père a été tué dans un attentat antisémite à Buenos Aires en 1994, les jeunes de la colonie de vacances «ont un lien commun que nous n'avons avec personne d'autre». «Entre nous, on peut parler. Nous avons vécu la même histoire», dit-elle.