La commission d'enquête pakistanaise chargée de déterminer comment Ben Laden a pu vivre clandestinement dans le pays avant sa mort a ordonné au gouvernement de ne pas rapatrier les membres de sa famille tant qu'elle n'en aura pas donné le feu vert.

Trois femmes, une Yéménite et deux Saoudiennes, et un nombre indéterminé d'enfants de Ben Laden sont aux mains des autorités pakistanaises depuis le raid d'un commando des forces spéciales américaines fatal au chef d'Al-Qaïda le 8 mai dernier dans une maison d'Abbottabad, dans le nord du Pakistan.

Islamabad a plusieurs fois indiqué que les femmes et enfants de l'ancien homme le plus recherché du monde seraient rapatriés dans leurs pays.

Mais la commission d'enquête nommée par le gouvernement, à qui aucun délai n'a été fixé pour terminer ses travaux, a souhaité mardi soir qu'aucun d'eux ne quitte le Pakistan sans son feu vert préalable.

«Il a été demandé au ministère de l'Intérieur et à l'ISI (Inter-Services Intelligence, les services de renseignements, ndlr) de s'assurer que les membres de la famille d'Oussama Ben Laden ne soient pas rapatriés sans l'autorisation de la commission», a-t-elle indiqué dans un communiqué.

La commission de quatre membres, présidée par un juge de la Cour suprême, a le pouvoir de convoquer qui elle veut, et la famille Ben Laden ne fait pas exception, a indiqué à l'AFP un responsable des services de sécurité pakistanais sous couvert d'anonymat.

«Ils s'en iront un jour, mais peut-être la commission veut-elle leur parler avant de finir ses travaux. Elle aura accès à eux si elle le demande», a expliqué ce responsable.

Cette annonce risque de décevoir la famille de la plus jeune veuve de Ben Laden, la Yéménite Amal Abdulfattah, qui avait déclaré à l'AFP le mois dernier espérer qu'elle et ses enfants reviennent rapidement au pays.

Un responsable des services de sécurité pakistanais avait lui aussi affirmé récemment qu'Amal Abdulfattah pourrait rentrer rapidement au Yémen.

La révélation de la présence d'Oussama Ben Laden dans une ville-garnison du nord du Pakistan, alors qu'Islamabad est officiellement l'allié de Washington dans la région, a relancé le débat sur l'incompétence ou la complicité avec la nébuleuses islamiste d'une partie des services de sécurité pakistanais.

Le raid américain unilatéral au Pakistan, sans aucune réaction des forces de sécurité, et la découverte de Ben Laden est considérée par certains comme le pire désastre pour l'armée pakistanaise depuis la crise de 1971 qui a vu le Bangladesh faire sécession d'avec le Pakistan.

La commission d'enquête indépendante, mise en place par le gouvernement sous la pression de l'opposition qui craignait une enquête militaire interne subjective, a appelé les volontaires à venir témoigner ou présenter des preuves sur cette affaire, en assurant qu'ils seraient protégées et que leur confidentialité serait préservée.

Elle entend enquêter de manière «indépendante, transparente et impartiale» sur «l'ensemble des faits» concernant la présence de Ben Laden au Pakistan, sur les circonstances du raid américain et sur les manquement «éventuels» des autorités pakistanaises dans cette affaire.