Le gouvernement italien a présenté mercredi un plan pour mieux accueillir les demandeurs d'asile tout en multipliant les efforts pour stopper les arrivées et expulser les déboutés.

«Nous devons accueillir et intégrer qui y a droit et rapatrier les autres», a martelé le ministre de l'Intérieur, Marco Minniti, en présentant les grandes lignes du plan devant une commission parlementaire.

Alors que l'Italie a vu débarquer plus de 500 000 migrants depuis 2014 et que ses centres d'accueil comptent actuellement près de 175 000 demandeurs d'asile, le plan vise une répartition maximum sur le territoire, avec un objectif de 2,5 demandeurs pour 1000 habitants.

«Ce n'est pas que demain toutes les communes vont s'y mettre, mais c'est un premier pas», a commenté à l'AFP Matteo Biffoni, chargé de l'immigration à l'Association des communes d'Italie (Anci). «L'accueil des migrants est une question difficile et pas très populaire, mais si tout le monde fait un effort, cela devient gérable».

Pour favoriser le mouvement, l'État va verser cette année un total de 100 millions d'euros de rétribution aux communes qui jouent le jeu.

Et le gouvernement essaie de «supprimer les grands centres d'accueil, parce que des nombres plus restreints permettent des rapports différents avec les populations locales», a expliqué M. Minniti, qui s'est aussi engagé à renforcer les contrôles sur les centres d'accueil.

Certains centres prévus pour 300 personnes en accueillent un millier, et d'autres, déclarés insalubres, sont toujours en service faute d'alternative, a rappelé à l'AFP Gabriella Guido, porte-parole du collectif LasciateCiEntrare (Laissez-nous entrer).

«Éviter le vide de l'attente»

Et pour «éviter le vide de l'attente», le gouvernement veut généraliser le recours aux travaux d'intérêt général, peu ou pas rémunérés, pour les demandeurs d'asile.

C'est déjà le cas dans certaines communes, où des demandeurs d'asile prennent soin des espaces verts, donnent des cours de langue ou aident la Croix Rouge.

Mais dans un pays où 40% des jeunes sont au chômage, le projet passe mal auprès des syndicats, qui dénoncent une forme d'exploitation, et de certaines communes, qui préfèrent embaucher leurs administrés.

«Il ne s'agira pas d'une concurrence au marché du travail», a pourtant assuré M. Minniti.

Pour Roberto Zaccaria, président du Conseil italien pour les réfugiés (CIR), le travail bénévole «fait partie de la phase d'intégration, avec les cours d'italien. Mais il ne faut pas que cela devienne une condition pour obtenir l'asile».

Parallèlement, M. Minniti a évoqué la nécessité de réduire la durée des procédures. Actuellement, la réponse des commissions d'asile italiennes -- positive dans 40% des cas -- arrive dans un délai moyen de six mois.

Mais les recours en justice des déboutés peuvent ensuite durer deux ans, et c'est à cela que le gouvernement veut s'atteler en créant une juridiction spéciale unique pour ces recours.

Le ministre a également insisté sur la nécessité d'expulser les déboutés, et annoncé le projet de créer pour cela une vingtaine de centres de rétention avec un total de 1600 places. Un projet «absurde et insensé» pour Gabriella Guido, qui rappelle que les trois centres actuels ne sont jamais pleins.

L'Italie cherche aussi à réactiver les accords de réadmission avec les pays d'origine, et à accélérer les procédures dans les cas des pays avec lesquels ces accords fonctionnent déjà, comme la Tunisie, l'Égypte ou le Nigeria.

Pour le ministre, une hausse des expulsions forcées servira aussi d'incitation aux départs volontaires, pour lesquels il a demandé un doublement des fonds.

En amont, Rome veut soutenir la lutte contre les réseaux de passeurs en Libye, par où sont passés 90% des migrants débarqués en 2016 et près de 100% de ceux arrivés depuis janvier. Mais «le trafic d'êtres humains est une puissance criminelle et économique», a reconnu M. Minniti.