Les autorités françaises ont transféré mercredi les derniers migrants mineurs restés à Calais, dernière étape du démantèlement de l'immense camp de la «Jungle», et s'apprêtent à évacuer un autre campement à Paris.

Les derniers cars ont quitté peu après 11h00 la zone du centre d'accueil provisoire de Calais où étaient regroupés 1616 jeunes rassemblés dans le cadre de l'opération d'évacuation du vaste bidonville.

Les jeunes migrants ont été acheminés vers des centres d'accueil sur l'ensemble du territoire français, où ils attendront de savoir, dans les prochaines semaines, si leur dossier est accepté par les autorités britanniques.

«Je suis très content de partir, aujourd'hui, je vais aller dans un autre endroit en France pour quelques jours et après je vais aller en Angleterre! Enfin... J'espère, ma famille m'attend!» lance Yousseph, un Afghan de 15 ans, en jean et chandail à capuche.

En vertu de règles européennes sur le regroupement familial, ceux qui ont de la famille outre-Manche peuvent être autorisés à s'y rendre. D'autres espèrent profiter d'un dispositif britannique sur les migrants «vulnérables».

Depuis la mi-octobre, environ 300 mineurs isolés ont déjà pu partir pour la Grande-Bretagne.

Les autres ont accepté de monter à bord des autocars parce que les autorités leur assuraient que leurs dossiers seraient examinés à l'arrivée.

Cependant, la moitié environ des jeunes transférés la semaine dernière dans le cadre du programme «se sont déjà évaporés», a assuré Pierre Henry, directeur général de l'association France terre d'asile.

Le Comité des Nations unies sur les droits de l'enfant a critiqué mercredi la Grande-Bretagne et la France, jugeant qu'elles n'étaient «pas à la hauteur de leurs obligations en matière des droits de l'enfant».

Saluant malgré tout le transfert des mineurs de Calais, ces experts de l'ONU ont appelé depuis Genève à prendre les décisions pour leur avenir «le plus rapidement possible et d'une manière respectueuse des droits».

Il reste aussi à transférer 360 à 400 femmes et enfants hébergés dans un ancien centre aéré jouxtant l'ex-«jungle». Le secteur sera alors totalement désert, alors que s'y entassaient encore à la mi-octobre 6400 à 8100 personnes selon les comptages.

Des exilés de toutes nationalités - Afghans, Soudanais, Erythréens, notamment - s'étaient installés là au fil des mois dans l'espoir de gagner l'Angleterre, à une trentaine de km à vol d'oiseau, de l'autre côté de la Manche.

«Demain ils seront Français»

Mais l'insalubrité des lieux, la multiplication des problèmes liés aux tentatives de passages clandestins, des tensions dans le camp et le mécontentement des riverains ont poussé les autorités à le démanteler avant l'hiver, à quelques mois de l'échéance de l'élection présidentielle de 2017.

La semaine dernière, environ 4500 adultes ont été envoyés vers des sites dans toute la France. Les travaux de déblaiement des abris de fortune se sont achevés lundi. Seules ont été épargnées une église et deux mosquées de fortune, érigées par les habitants provisoires de la «jungle».

«Il n'y aura pas de réinstallation sur la lande. Elle est évacuée. Elle sera sécurisée. Plus personne ne pourra la rejoindre», a martelé le président socialiste François Hollande.

Le premier ministre Manuel Valls s'est déclaré «très fier» mercredi de l'évacuation de la «Jungle». Le campement, «c'était une image de la France que je ne veux pas voir: des hommes, des femmes et des enfants vivant dans des conditions indignes». «Demain», les demandeurs d'asile «porteront nos valeurs», «ils seront Français», a-t-il lancé.

Un autre campement poussé dans le nord de Paris où quelque 2000 migrants, essentiellement des Afghans, des Somaliens et des Soudanais, survivent à même le trottoir, doit être évacué avant la fin de la semaine, ont annoncé les autorités.

Une manifestation de solidarité a rassemblé plusieurs centaines de personnes mercredi soir dans ce campement pour réclamer des logements pérennes et le traitement de leurs demandes d'asile.

Les autorités ont promis d'évacuer ce campement d'ici à la fin de la semaine.

Pour empêcher la reconstitution à répétition de ces campements, la mairie de Paris doit ouvrir prochainement un «centre d'accueil humanitaire» doté au départ de 400 lits.