Face au drame des migrants, dont 2500 sont morts depuis le début de l'année en traversant la Méditerranée, la mairesse de Paris a annoncé mardi son intention d'ouvrir rapidement un camp de réfugiés dans la capitale française.

Plus de 200 000 migrants sont arrivés dans l'Union européenne (UE) depuis janvier en traversant la Méditerranée, selon un décompte du Haut commissariat aux réfugiés (HCR) publié mardi à Genève.

Lors de ces traversées, plus de 2500 personnes ont perdu la vie, contre 1855 sur la même période en 2015, a déploré le HCR. La semaine dernière a été particulièrement meurtrière: 880 personnes se sont noyées en tentant de gagner l'Italie.

Même si la France, qui est d'abord un pays de transit, n'est pas en première ligne dans cette crise, Paris est confronté depuis plus d'un an «à un flux migratoire sans précédent», selon la Mairie.

Les autorités y démantèlent régulièrement des campements informels pour des raisons de sécurité et de salubrité. Leurs résidents sont dispersés vers des centres d'accueil temporaire, d'où ils ne tardent à revenir pour reformer de nouveaux camps.

Pour mettre fin à «ces campements indignes», la maire socialiste de Paris, Anne Hidalgo, a annoncé la création prochaine d'un camp de réfugiés aux normes internationales, qui fixent notamment un nombre minimum de sanitaires ou de points d'eau par personne.

Il s'inspirera du seul camp existant en France, ouvert en mars à Grande-Synthe (nord) avec l'aide de l'ONG Médecins sans frontières (MSF).

L'ouverture ne se fera pas avant un mois. Le terrain, dont le site n'est pas arrêté, devra être «suffisamment vaste pour accueillir plusieurs centaines de personnes», a ajouté l'édile sans plus de détails.

«Je souhaite que l'État soit partenaire», a ajouté Anne Hidalgo, qui joue depuis des mois sa petite musique pour se démarquer d'un exécutif socialiste très impopulaire.

Le gouvernement français souhaite éviter que les migrants se regroupent en un même point et veut les répartir sur l'ensemble du territoire. À Grande-Synthe, il s'était opposé, en vain, au camp de réfugiés voulu par le maire écologiste de cette localité après l'installation de 1500 personnes sur un champ boueux de la ville.

Pour les migrants syriens, irakiens ou venus de la Corne de l'Afrique, la France est surtout une destination de passage sur la route du Royaume-Uni. Seules 80 000 demandes d'asile y ont été enregistrées en 2015, contre un million en Allemagne.

Les arrivées en Europe ont été freinées depuis la conclusion d'un accord entre Bruxelles et Ankara, qui permet depuis le 20 mars de renvoyer vers la Turquie les migrants arrivés en Grèce s'ils ne déposent pas de demande d'asile ou s'ils essuyent un refus.

Depuis les flux en direction de la Grèce ont fortement diminué, selon les chiffres de l'ONU. Les arrivées en Italie, 46 714 migrants sur cinq mois, sont stables, mais cette route est «considérablement plus dangereuse», selon le porte-parole du Haut commissariat aux réfugiés (HCR) William Spindler.

Pour alerter sur les drames en mer, une ONG allemadne a diffusé mardi la photo d'un enfant mort noyé, prise le 27 mai au large des côtes libyennes.

«Si vous ne voulez pas voir ces images, arrêtez de les produire!», explique l'ONG Sea Watch dans le texte qui accompagne l'image. Pour elle, il faut assurer des voies d'entrée légales en Europe pour mettre un terme à cette «tragédie humanitaire».