La Macédoine a rouvert mercredi sa frontière en laissant passer plus de 300 réfugiés syriens et irakiens alors que 10 000 autres migrants continuaient d'attendre côté grec, selon la police grecque.

Un premier groupe de 170 réfugiés est passé dans la nuit de mardi à mercredi et entre 130 et 150 autres ont ensuite graduellement franchi la frontière entre les deux pays jusqu'à 11h00 (HE).

Il s'agit des premiers groupes de migrants autorisés à traverser cette frontière, principale route des Balkans à destination des pays de l'Europe du Nord, depuis lundi après-midi lorsque des incidents ont éclaté entre des réfugiés et des policiers macédoniens.

La police macédonienne avait alors fait usage de gaz lacrymogènes contre des centaines de personnes tentant de forcer la barrière frontalière. Depuis, Skopje a augmenté le nombre de ses soldats et de ses policiers à la frontière avec la Grèce «pour des raisons préventives», selon Natalija Spirova Kordic, porte-parole de la police.

Le président macédonien Gjorge Ivanov a assuré que son pays allait collaborer avec la Grèce face à la crise migratoire, mercredi à l'issue d'une rencontre avec le président du Conseil européen Donald Tusk.

Mais il a aussi évoqué «un nombre accru de tentatives d'entrées de force en Macédoine, d'utilisation de documents falsifiés, et de violences contre les forces de sécurité présentes à la frontière ce qui met en danger la sécurité nationale et la stabilité régionale».

Les directeurs des polices autrichienne, slovène, croate, serbe et macédonienne ont décidé mardi à Belgrade le renforcement des contrôles aux frontières.

«Un des buts de la réunion était de faire en sorte que le flux des migrants soit organisé de manière à diminuer la pression sur la frontière entre la Macédoine et la Grèce (...), il n'a pas été question de quotas», a déclaré le directeur de la police serbe Vladimir Rebic.

En raison des restrictions sur le nombre de migrants autorisés à entrer sur leur territoire adoptées par l'Autriche puis par d'autres pays européens et des Balkans, des milliers de migrants et réfugiés sont bloqués côté grec à la frontière avec la Macédoine depuis ce week-end.

«Nous devons considérer la frontière d'Idomeni comme fermée et nous préparer aux conséquences de cette action», a déclaré mercredi soir le ministre grec de la Politique migratoire, Yannis Mouzalas à la sortie d'une réunion avec l'Union des municipalités de Grèce.

«Dans un premier temps les réfugiés et migrants vont être transférés vers des structures d'hébergement temporaires qui ont déjà été construites, mais dans un second temps il va falloir trouver des espaces pour accueillir ceux qui vont rester plus longtemps dans notre pays», a-t-il ajouté.

Selon le maire d'Idomeni, village-frontière côté grec, près de 7000 migrants et réfugiés, dont de nombreuses familles et enfants, se trouvaient mercredi dans les deux camps d'accueil, tandis que 3000 campaient dans les champs.

Dans ces camps surpeuplés, des files d'attente de migrants se sont formées pour obtenir de la nourriture, selon une journaliste de l'AFP sur place.

Des centaines de migrants continuaient mercredi à affluer à la frontière à bord de taxis ou à pied. Selon le ministère chargé de la Politique migratoire, 25 000 migrants et réfugiés étaient bloqués mercredi en Grèce.

Devant cette situation l'Union européenne a proposé mercredi un budget humanitaire de 700 millions d'euros pour aider ses États membres en première ligne face à l'afflux massif des migrants.

Athènes a estimé mardi avoir besoin de près de 500 millions d'euros pour organiser l'accueil de 100 000 réfugiés et gérer la situation à sa frontière avec la Macédoine.

Par ailleurs, à la frontière serbo-macédonienne, le centre d'accueil à Tabanovce côté macédonien était également presque plein avec 973 personnes --sa  capacité étant d'un millier», a indiqué aux médias Goran Stojanovski, coordinateur de ce camp.