Le service militaire à durée indéterminée en Érythrée «se poursuit» contrairement à ce qu'affirme le pays et crée «une génération de réfugiés» qui ne devraient pas être considérés comme «des migrants économiques», a estimé Amnesty International dans un rapport.

«La conscription continue à être à durée indéterminée pour une grande partie des conscrits et parfois cela dure des décennies», indique Amnesty dans un rapport publié mardi.

L'Érythrée constitue le troisième pays le plus représenté parmi les réfugiés qui tentent de gagner l'Europe après les Syriens et les Afghans.

«La situation des appelés en Érythrée est désespérée et dément les affirmations de certains pays hôtes, selon lesquels la plupart des Érythréens se présentant à leurs frontières sont des migrants économiques», a déclaré Michelle Kagari, directrice régionale adjointe d'Amnesty International pour l'Afrique de l'Est.

«Ces personnes, dont beaucoup sont mineures, sont des réfugiés fuyant un système qui s'apparente à du travail forcé», ajoute-elle.

Dans son rapport, Amnesty explique que le service militaire à durée indéterminée a crée «une génération de réfugiés» bien que «le pays ne soit pas en guerre».

Pendant leur service militaire, les familles sont séparées et les conscrits sont «lamentablement payés».

Les personnes qui tentent d'échapper au service national sont détenues dans des conditions déplorables et souvent placées dans des cellules souterraines ou dans des conteneurs.

D'après la loi érythréenne, le service militaire est limité à 18 mois, mais le pouvoir en place estime qu'il doit pouvoir compter sur sa population en cas de guerre.

L'Érythrée s'est séparée de l'Éthiopie en 1991 après 30 ans de guerre d'indépendance. Les deux pays restent sur le pied de guerre depuis le conflit armé qui les a opposés entre 1998 et 2000, notamment à propos de la délimitation de leur frontière commune, longue de 1000 km.

Dix footballeurs de l'équipe nationale érythréenne ont obtenu samedi l'asile politique au Botswana, alors qu'ils participaient à un match de qualification pour la Coupe du monde de 2018.

Les sportifs érythréens profitent souvent de déplacements à l'étranger pour fuir leur pays, contrôlé d'une main de fer par le président Issaias Afeworki depuis 1993.