Le premier ministre grec, Alexis Tsipras, a reconnu samedi avoir échoué à s'assurer le soutien de l'opposition sur la gestion de la crise migratoire et la réforme des retraites exigée par les créanciers internationaux.

À l'issue d'une réunion marathon de six heures avec les chefs des partis politiques grecs à l'exception des communistes du KKE et des néonazis d'Aube Dorée, M. Tsipras a accusé ses rivaux conservateurs et socialistes d'avoir «prouvé qu'ils n'ont pas le sens nécessaire des responsabilités ni le nécessaire sérieux».

Il a accusé le principal parti d'opposition de la Nouvelle-Démocratie (ND, droite) de «saper la position internationale du pays», en refusant un accord sur la crise migratoire.

Il lui a aussi reproché d'avoir, avec le Pasok socialiste, refusé «de tracer une ligne rouge nationale» pour les négociations avec les créanciers, UE et FMI, «en faveur d'une réforme des retraites garantissant la viabilité du système sans coupes supplémentaires dans les pensions».

Les représentants de ces deux partis ont, pour leur part, souligné leur refus de se plier aux «artifices de communication» de M. Tsipras.

Le premier ministre avait demandé cette réunion présidée par le chef de l'État alors que sa majorité parlementaire a été rabotée de 155 à 153 députés, sur 300, après le vote mi-novembre d'un nouveau train de mesures de rigueur réclamées par les créanciers.

Le pays, dont les îles sont devenues le principal point d'entrée en Europe du flux migratoire actuel, est aussi sous forte pression de ses partenaires européens pour mieux verrouiller ses frontières et coopérer avec la Turquie par où transitent les réfugiés syriens essentiellement.

Si la ND s'en est distanciée, un cadre commun a toutefois été dégagé lors de cette réunion, selon un communiqué de la présidence de la République.

Ainsi les dirigeants de l'opposition socialiste et centristes sont convenus avec le gouvernement de coalition gauche-droite souverainiste de la nécessité du déploiement d'une équipe de gardes-côtes européens en mer Égée, face à la Turquie, via un renforcement du rôle de Frontex, l'agence européenne de surveillance des frontières.

À la veille du sommet UE-Turquie sur la crise migratoire à Bruxelles, ils ont aussi appelé l'Union européenne à faire pression sur Ankara pour le respect des accords de réadmission conclu avec l'UE et la Grèce.

«Notre point de désaccord porte sur les sérieuses responsabilités du gouvernement quant à l'augmentation des flux migratoires» vers la Grèce, a affirmé le représentant de la ND, Giannis Plakiotakis à l'issue de la réunion.