«Il n'y a pas d'autobus maintenant. Soyez patients, on vous dira quand vous pourrez partir»: deux soeurs syriennes Rawan, 23 ans, et sa cadette Dina, 12 ans, tiennent cette banderole en arabe pour les réfugiès à la frontière entre la Serbie et la Croatie.

«En attendant de franchir la frontière, nous aidons les volontaires afin d'expliquer aux gens ce qui se passe», dit Rawan en montrant une deuxième banderole: «Ne poussez pas, il y a des enfants».

La jeune femme explique: «Nous sommes ici depuis 07h00 ce matin et je suis épuisée après avoir passé 48 heures dans différents autobus».

Les deux soeurs, originaires de Damas, voyagent avec leur père. Elles font partie d'un groupe d'environ 2000 migrants qui ont longuement attendu dimanche après-midi à la frontière serbo-croate. Leur voyage pour fuir les conflits au Moyen Orient et tenter de trouver refuge principalement en Allemagne a subi un coup d'arrêt.

La décision de la Hongrie de fermer aux migrants sa frontière avec la Croatie, comme elle l'avait fait à la mi-septembre avec la Serbie, a encore un peu plus compliqué leur périple.

Ils sont depuis redirigés par les autorités croates vers la Slovénie qui limite l'entrée des réfugiés à 2500 par jour. Cette décision de Ljubljana a provoqué des ralentissements en chaîne le long de la route balkanique à travers la Macédoine et la Serbie.

«Tout se déroule au ralenti depuis que la Hongrie a fermé sa frontière», avec la Croatie vendredi à minuit. a déclaré à l'AFP un officier de la police dans la zone frontalière proche de la localité de Berkasovo, en Serbie.

Les autobus croates transportant les migrants prennent plus de temps pour se rendre en Slovénie, explique-t-il.

Coincés dans des autobus

Dans la matinée de dimanche, des migrants ont attendu pendant des heures coincés dans une cinquantaine d'autobus bloqués à la frontière avec la Croatie qui les a temporairement empêchés d'entrer sur son territoire.

Un peu plus tard ils ont pu poursuivre leur route mais à un rythme beaucoup plus lent qu'auparavant.

Tard dans l'après-midi, des centaines de personnes, certaines assises sur des morceaux de cartons, faisaient encore la queue qui avançait à pas de tortue.

Certains enfants, visiblement épuisés et nerveux, pleuraient de toutes les larmes de leur corps.

Les migrants étaient autorisés, par groupes de 50, à franchir la frontière et entrer en Croatie.

Eissa, un étudiant en littérature anglaise de 23 ans originaire d'Alep, assure qu'aucune information ne lui a été fournie ni aux membres de sa famille.

«Ca va, je peux attendre, mais je suis inquiet pour les enfants, pour mes quatre neveux. Il fait froid et ils pourraient tomber malades», lâche-t-il.

A l'exception de quelques rares moments de tension, les migrants prennent leur mal en patience en dépit de la fatigue et l'absence d'explication sur les raisons de leur longue attente.

Certains boivent du café ou du thé, d'autres mâchent des sandwichs fournis par la Croix-Rouge serbe et le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) qui distribuent également vestes et couvertures.

Zaman, 33 ans originaire de Bagdad, est visiblement épuisée. Elle appellent ses quatre enfants qui jouent dans un champ de maïs boueux en bordure de la route à revenir près d'elle.

La famille est en route pour Vienne où son mari s'est déjà installé. Zaman espère poursuivre sa route avant la nuit car sa fille Sara, 3 ans, est enrhumée.

«Par la Hongrie, ou par la Slovénie, peu importe, je veux juste continuer mon voyage», dit-elle.