La candidate soutenue par le parti d'Angela Merkel pour la mairie de Cologne, très impliquée dans l'aide aux réfugiés, a été poignardée samedi sur un marché, dans un climat de tension croissante autour de la politique de la chancelière allemande sur la crise migratoire.

Angela Merkel a «exprimé sa stupeur» et «condamné cet acte», a déclaré à l'AFP une porte-parole de la chancellerie. De son côté, le ministre de l'Intérieur, Thomas de Maizière, s'est dit «profondément choqué» par cette attaque «effroyable et lâche».

Henriette Reker, 58 ans, se trouvait sur un stand d'informations de l'Union chrétienne-démocrate (CDU) où elle faisait campagne pour l'élection municipale de dimanche, quand elle a été attaquée par un homme de 44 ans qui l'a grièvement blessée au cou.

L'agresseur, interpellé juste après les faits, «a dit qu'il avait commis cet acte avec une motivation raciste», selon la police. Mme Reker est notamment chargée de l'accueil des réfugiés à la ville de Cologne.

La candidate a été opérée et son état est qualifié de «stable».

À partir de 18 h 00 (midi, heure de l'Est), les dirigeants et responsables de la région, tous bords politiques confondus, ont appelé à former une chaîne humaine «contre la violence» devant l'hôtel de Ville de Cologne, selon une porte-parole de la Région de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, citée par l'agence DPA.

La chancelière, dont la politique accommodante envers les migrants est critiquée dans son propre camp, doit se rendre à Istanbul dimanche pour discuter de la crise migratoire après que la Turquie a accueilli fraîchement le «plan d'action» élaboré jeudi par l'UE pour retenir les migrants dans ce pays.

En attendant, le flot de migrants traversant les Balkans à destination de l'ouest de l'Europe se poursuivait, mais empruntait un nouveau parcours après la fermeture dans la nuit par la Hongrie de sa frontière avec la Croatie, par où ont transité plus de 170.000 personnes en un mois.

Le chemin vers l'«eldorado» allemand passe désormais par la Slovénie, qui a annoncé avoir fait appel à l'armée pour une assistance strictement «logistique».

Quelques heures seulement après être arrivés en Slovénie samedi matin, les premiers migrants ont atteint en début d'après-midi en autocar la frontière autrichienne, confirmant le bon fonctionnement du corridor vers l'ouest de l'Europe promis par Ljubljana.

Principalement originaires de Syrie, d'Irak et d'Afghanistan, ils ont été pris en charge de façon «fluide» par les autorités slovènes, s'est félicitée une porte-parole de l'agence onusienne des réfugiés (HCR), Caroline van Buren.

La Slovénie a annoncé qu'elle ne s'opposerait pas au transit vers l'Autriche des migrants acceptant de se faire enregistrer, aussi longtemps que l'Allemagne, destination finale de la majorité d'entre eux, maintiendrait sa politique accommodante à leur égard.

L'UE avait espéré avoir franchi un pas décisif jeudi pour tarir le flux avec son «plan d'action» destiné à inciter Ankara à conserver les migrants sur son territoire.

Mais la Turquie fait monter les enchères, qualifiant ce plan de simple «projet», au budget «inacceptable».

Efficacité autrichienne

Au minimum 2400 migrants devaient entrer en Slovénie samedi, avant dans leur immense majorité de poursuivre leur route via l'Autriche, un pays qui s'est distingué par l'efficacité avec laquelle il a accueilli et acheminé plus de 250 000 migrants venant de Hongrie en moins de deux mois.

Aux postes-frontière slovènes de Petisovci et de Gruskovje, à la frontière croate, de grandes tentes blanches ont été érigées pour l'enregistrement des réfugiés.

Dans une atmosphère bon enfant, les migrants --principalement des jeunes hommes, mais aussi quelques familles-- y sont soumis à une fouille avant de décliner leur identité et d'être acheminés vers la frontière autrichienne.

Le périple des milliers de migrants affluant vers l'Europe via la Grèce, la Macédoine et la Serbie reste toujours aussi périlleux : 12 migrants sont morts noyés samedi lorsque leur embarcation a fait naufrage dans les eaux turques alors qu'ils tentaient de rejoindre l'île grecque de Lesbos.

Peu avant, quatre migrants - trois enfants et une femme - ont trouvé la mort dans les mêmes circonstances, également en mer Égée, près de l'île grecque de Kalymnos.

Photo Oliver Berg AP/DPA

Henriette Reker

Rassemblement à Cologne

Responsables politiques régionaux et habitants de Cologne se sont réunis samedi soir devant l'hôtel de Ville de la cité rhénane après l'attaque au couteau dont a été victime une candidate à la mairie, acte sans doute lié à la politique d'ouverture aux réfugiés de l'Allemagne.

«La chaîne humaine (que nous formons) est un signe que nous sommes solidaires», a lancé la dirigeante social-démocrate de la région de Cologne, la Rhénanie-du-Nord-Westphalie, Hannelore Kraft, selon des images de la télévision allemande.

«La démocratie est une grande conquête que nous voulons défendre», a-t-elle ajouté, citée par les médias allemands. «Nous sommes ici en tant que démocrates pour envoyer un signal face à cet acte abominable», a-t-elle ajouté.

À ses côtés se trouvaient notamment le responsable régional de l'Union chrétienne-démocrate (CDU), Armin Laschet, et d'autres élus régionaux de tous bords politiques, dont les Verts et les Libéraux du FDP.

Cologne, 4e ville d'Allemagne, était sous le choc après l'attaque dont a été victime Henriette Recker, candidate indépendante, mais soutenue par le parti d'Angela Merkel, pour le scrutin municipal de dimanche.

PHOTO OLIVER BERG AFP/DPA

Plusieurs politiciens se sont rassemblés pour dénoncer l'attaque.