La Croatie a levé vendredi, sous la pression de l'Union européenne, son blocage à la frontière avec la Serbie, décidé pour endiguer l'afflux de migrants, entraînant la suspension des mesures que Belgrade avait prises de son côté.

«La frontière a été débloquée à 17 h heure locale (11 h, heure de l'Est). Tous les véhicules, quelles que soient leurs plaques d'immatriculation, peuvent entrer en Croatie», a écrit le ministre croate de l'Intérieur, Ranko Ostojic, sur le compte Twitter du gouvernement.

Quelques heures plus tard, le gouvernement serbe, réuni dans la soirée, a décidé à son tour de lever les mesures introduites à l'encontre de la Croatie, consistant à interdire l'entrée sur son territoire à tout camion portant des plaques ou transportant des marchandises croates.

«À partir de ce moment, les véhicules immatriculés en Croatie et ceux transportant des marchandises croates peuvent entrer en Serbie par tous les postes-frontière», a déclaré le premier ministre serbe Aleksandar Vucic. «La raison l'a emporté», a-t-il estimé.

Le ministère croate de l'Intérieur a néanmoins précisé dans un communiqué que la levée du blocage ne concernait que deux des huit passages frontaliers entre les deux pays, le principal, celui de Bajakovo, et celui voisin de Tovarnik.

«Le passage frontalier de Bajakovo et celui de Tovarnik sont ouverts sans restrictions», a-t-on souligné de même source.

Dans la journée, l'UE avait demandé à Zagreb des «éclaircissements d'urgence» sur ce blocage qui avait provoqué la colère de la Serbie.

Le premier ministre croate Zoran Milanovic avait aussitôt répondu qu'il étudiait une levée rapide du blocage, tout en affirmant que «si [...] c'est dans l'intérêt de la Croatie, ces mesures ou d'autres similaires seront réintroduites».

La dégradation des relations entre la Serbie et la Croatie n'avait pas atteint un tel niveau depuis le conflit des années 1990, provoquant l'inquiétude de l'UE, dont la Croatie est devenue le 28 et dernier membre en 2013.

La Croatie reproche à la Serbie de rediriger, avec la complicité de la Hongrie, tous les migrants à sa frontière, créant une situation difficile à gérer.

«Tout ce que nous demandons à Belgrade, c'est de faire cesser un flux aussi intense de migrants», avait auparavant déclaré M. Milanovic, assurant que son pays ne pouvait gérer qu'entre 4000 et 5000 migrants par jour et invitant son voisin à diriger les migrants vers la Hongrie, voire la Roumanie.

Depuis le 16 septembre, Belgrade n'envoie plus de migrants vers la Hongrie, qui a fermé par une clôture de barbelés ses 175 km de frontières avec la Serbie. La Croatie est donc devenue la nouvelle voie d'accès à l'Europe occidentale.