La dispute frontalière entre la Croatie et la Serbie, suite à l'afflux de migrants, est montée d'un cran, chacun des pays décidant de bloquer encore un peu plus sa frontière.

Et alors que le premier ministre croate Zoran Milanovic appelait jeudi Belgrade à «cesser» de diriger «un flux aussi intense de migrants» vers les frontières de son pays, Belgrade a riposté, accusant Zagreb d'une «agression économique brutale».

La dégradation des relations entre les deux pays n'avait pas atteint un tel niveau depuis le conflit des années 1990.

La Croatie a commencé par fermer lundi à tous les camions provenant de Serbie le poste-frontière de Bajakovo-Batrovci, le dernier encore partiellement ouvert. Belgrade a répondu à minuit, dans la nuit de mercredi à jeudi, en fermant le sien à tout camion portant des plaques ou transportant des marchandises croates.

Zagreb a alors répliqué en fermant également ce poste-frontière aux voitures immatriculées en Serbie, selon l'agence serbe Tanjug.

La Croatie accuse la Serbie de rediriger, en complicité avec la Hongrie, tous les migrants à sa frontière, créant une situation difficile à gérer.

«Tout ce que nous demandons à Belgrade c'est de faire cesser un flux aussi intense de migrants», a déclaré M. Milanovic, assurant que son pays ne pouvait gérer qu'entre 4000 et 5000 migrants par jour.

«Cela ne peut plus durer [...] La Serbie doit soit mettre en place des camps d'accueil, soit rediriger les migrants vers la Hongrie», a-t-il ajouté.

Et le ministre croate de l'Intérieur Ranko Ostojic, responsable de la question des migrants, a assuré que «tant que Belgrade n'aura pas ouvert la voie vers Horgos (la Hongrie, NDLR), les mesures prises par Zagreb resteront en vigueur».

Depuis le 16 septembre, Belgrade n'envoie plus de migrants vers la Hongrie, qui a fermé par une clôture de barbelés ses 175 km de frontières avec la Serbie. La Croatie est donc devenue la nouvelle voie d'accès vers l'Europe occidentale.

Le premier ministre serbe Aleksandar Vucic a lui dénoncé jeudi une «agression économique brutale» contre son pays, accusant la Croatie de violer «toutes les règles européennes».

Pour le ministère serbe des Affaires étrangères, qui a adressé une note de protestation à l'ambassadeur croate à Belgrade, ces mesures «discriminatoires» ne «peuvent être comparées qu'à celles prises [contre les Serbes, NDLR] par le régime pronazi croate pendant la Deuxième Guerre mondiale».

Plus de 44 000 migrants sont passés en Croatie en une semaine en provenance de Serbie.

La semaine dernière, la Croatie avait déjà fermé aux camions sept de ses huit postes-frontière avec la Serbie pour tenter de ralentir ce flot, et six aux véhicules particuliers.

En revanche, selon l'organisme croate chargé de la circulation, le point de passage de Tovarnik-Sid restait ouvert aux voitures.