Après avoir réussi à chasser les fans de Sex and the City de leur rue étroite et tranquille, les riverains de Perry Street, dans Greenwich Village, s'attaquent à une nouvelle plaie urbaine: les stations du BIXI new-yorkais.

«Les gens appuient le système de vélos en libre-service, mais s'opposent à l'installation, au bout d'une rue très étroite, d'une station que les véhicules larges ne manqueront pas d'emboutir», a expliqué Gerald Banu, président de la Perry Street Block Association, lors d'un entretien téléphonique.

«Nous demandons que la station soit installée dans la rue Hudson», a-t-il ajouté, en faisant allusion à une artère commerciale du quartier.

Il y a quelques années, Gerald Banu et son groupe ont eu gain de cause contre un organisateur touristique qui déversait un flot continu de touristes dans leur bout de rue, entre Bleecker Street et West 4th Avenue. Les visiteurs tenaient à se faire photographier devant le 66, Perry Street, la maison de Carrie Bradshaw dans la série télévisée de HBO.

Reste à voir si les riverains de Perry Street l'emporteront également contre le BIXI, dont le lancement officiel à New York doit avoir lieu le 27 mai, après de nombreux retards. Une chose est certaine, cependant: le groupe de Gerald Banu n'est pas le seul à New York, ces jours-ci, à grogner contre les stations du Citi Bike, nom du système local.

Des assemblées houleuses sur le Citi Bike se sont déroulées à Brooklyn et à Manhattan, les deux arrondissements qui doivent accueillir la première vague de 330 stations et 6000 vélos (le système comptera à terme 600 stations et 10 000 vélos, et s'étendra à Queens).

«Ce système fonctionne très bien à Paris», a déclaré Livvie Mann, résidante de Greenwich Village, lors d'une assemblée tenue dans ce quartier au début du mois.

Furieuse par rapport à la station de vélos installée devant son appartement de la 13e Rue, Deborah Stone lui a aussitôt répliqué: «Je me fous de ce qu'ils font à Paris! Je vis à New York!»

Et la majorité des quelque 400 participants ont applaudi.

Des débats parfois virulents ont également éclaté dans des forums sur l'internet. Et des poursuites seront ou ont été intentées contre la Ville par des citoyens ou des entreprises.

Absence de consultations

Les critiques n'en ont pas seulement contre les stations, qui, selon eux, grugent des places de stationnement, bloquent des entrées, jurent avec le décor ou attirent les déchets et la vermine.

Ils se plaignent également de ne pas avoir été informés ou consultés à propos des emplacements choisis pour l'installation des stations.

«La Ville a une attitude très cavalière», dit Steven Sladkus, un avocat de Manhattan qui représente trois propriétaires de tours d'habitation devant lesquelles des stations sont apparues. «Les responsables nous répondent: "Comment pouvez-vous vous plaindre à propos d'un programme qui est en phase préparatoire depuis deux ans? Nos ingénieurs ont examiné la question sous tous les angles, nous avions un site internet sur le sujet, vous auriez dû être au courant".»

«Eh bien, mes clients me disent qu'ils n'ont rien su avant de recevoir une lettre de la Ville les informant que des stations allaient être installées trois semaines plus tard devant leurs immeubles.»

Carlo Giurdanella, lui, ne savait rien de la station située à l'angle de la 11e Rue et de la 1re Avenue avant le jour de son installation, le 1er mai. Propriétaire d'un magasin de carreaux de céramique, il a perdu, du jour au lendemain, la zone de débarquement que la Ville avait accordée à son commerce en 2001.

«Où mes camions de livraison vont-ils se garer maintenant?» se demande-t-il. «Ils ne peuvent pas s'arrêter devant le magasin et bloquer la circulation pendant une demi-heure. C'est un gros problème sur le plan de la sécurité.»

Malgré les critiques, la Ville de New York a bon espoir que le Citi Bike et ses stations finiront par être adoptés par la grande majorité de ses citoyens.