C'est une histoire au carrefour de l'absurde et de l'immonde, un scénario de film d'horreur.

Samedi dernier, le propriétaire d'un immeuble d'appartements d'un quartier pauvre de Philadelphie a visité le sous-sol de son édifice, répondant à des plaintes pour des aboiements de chiens.

Une porte près de la fournaise était cadenassée. Le propriétaire, Turgut Gozleveli, a réussi à l'ouvrir, pour y trouver, cachés sous des couvertures sales, quatre personnes maigres et apeurées.

Croyant avoir affaire à des squatteurs, Gozleveli a appelé la police. Les autorités ont vite réalisé que les quatre personnes étaient atteintes de déficience intellectuelle. Et qu'elles étaient détenues contre leur gré.

La police a arrêté Linda Ann Weston, 51 ans, locataire de l'immeuble. Lundi, Weston a été accusée d'enlèvement et de séquestration. Selon les autorités, elle gardait les patients en vie afin de pouvoir toucher leurs chèques mensuels de sécurité sociale.

En mouvement constant

Mme Weston et ses complices Eddie Wright et Gregory Thomas, eux aussi accusés, déménageaient régulièrement. Au cours de la dernière année, ils ont ainsi vécu au Texas et en Floride.

«Ils bougeaient constamment, a dit le commissaire de police Charles Ramsey en point de presse, lundi. Dès qu'ils avaient l'impression que les gens commençaient à se douter de quelque chose, ils s'en allaient.»

Les personnes séquestrées avaient de 30 à 41 ans. Selon le rapport des policiers, la pièce où elles étaient retenues captives sentait l'urine et la sueur. Elles n'avaient pas de toilettes à leur disposition, elles étaient sous-alimentées et vivaient avec plusieurs chiens. Leur handicap leur donnait l'autonomie d'un enfant de 10 ans.

Certaines des personnes séquestrées étaient portées disparues, alors que d'autres avaient simplement cessé de visiter leur travailleur social. Selon la police, elles portaient des marques de violence.

Dans l'appartement de Mme Weston, les enquêteurs ont trouvé des dizaines de cartes d'identité, ce qui leur fait croire qu'un complot plus vaste se tramait.

Un juge de Philadelphie a placé la caution de Linda Ann Weston à 2,5 millions de dollars.

Ce n'est pas la première fois que cette femme agit de la sorte. En 1985, Weston a été arrêtée et condamnée à huit ans de prison pour avoir laissé mourir de faim un homme de 25 ans dans son appartement.