«Jusqu'à ce que la mort nous sépare»: la formule risque de tomber en désuétude dans la capitale du Mexique, où l'on projette de permettre l'extinction du contrat de mariage au bout de deux ans sans passer par le divorce.

Un mariage avec date de péremption pour limiter le nombre de divorces: c'est le projet de loi qui a été présenté à l'Assemblée législative de Mexico le 27 septembre.

La majorité de gauche a en effet proposé une modification du Code civil du district fédéral de Mexico pour fixer une durée minimum de deux ans aux contrats de mariage. Une fois ce délai passé, les couples mariés auront la possibilité de renouveler leur engagement ou de se séparer librement, sans divorce.

Le projet a de bonnes chances d'être approuvé d'ici la fin de l'année. Mais les débats promettent d'être houleux, étant donné le caractère controversé de cette réforme.

La droite et l'Église catholique reprochent déjà à la gauche, qui gouverne dans la capitale, de vouloir saboter l'institution du mariage après l'approbation du divorce express en 2008 et du mariage homosexuel en 2010. «Le mariage est un engagement à vie, il n'a pas de limite», s'est offusqué le député de droite Carlos Fabian Pizano dans une déclaration au journal El Universal.

Trop de divorces: c'est le constat sur lequel se basent les défenseurs du projet, qui entendent réduire la surcharge administrative et judiciaire provoquée par l'explosion des démarches de séparation.

En 2010, plus de 18 000 divorces ont été prononcés, contre la moitié cinq ans auparavant. En outre, les Mexicains divorcent de plus en plus tôt après s'être engagés pour la vie.

Sur les 33 000 mariages célébrés dans les deux dernières années, 16 000 couples seraient déjà en cours de séparation. C'est pourquoi les législateurs veulent supprimer le divorce au cours des deux premières années de mariage.

«C'est une bonne mesure, estime Arturo Hernandez Vera, psychologue spécialisé dans la thérapie de couples. Les jeunes Mexicains se marient très rapidement, pour quitter le foyer parental et par besoin d'indépendance. C'est une fuite. Ils prennent trop souvent cet engagement à la légère. Un délai de deux ans les obligerait à réfléchir au poids de cette décision et à s'engager de façon plus sérieuse», juge ce thérapeute.

«Cette mesure est un miroir de la société actuelle, où rien n'est plus permanent», analyse de son côté Gabriela Bonilla, une autre psychothérapeute qui juge la réforme positive.

«Elle va réduire la bureaucratie et éviter aux personnes de passer par le processus pénible du divorce. Et elle permettra à ceux qui désirent rester mariés de renouveler leurs voeux après deux ans. Par contre, l'inconvénient est que les couples ne s'efforceront pas autant de régler leurs différends s'ils savent qu'ils peuvent rompre l'engagement sans grande conséquence.» Les multiples facettes de cette mesure seront analysées par les députés du district fédéral au cours des prochaines semaines.