Des pieds chaussés de bottes de cowboy fouleront-ils le plancher de la Maison-Blanche à l'issue du premier mandat de Barack Obama? Bon nombre de républicains, jusqu'ici, y croyaient. Ils en sont soudainement moins sûrs.

Rick Perry, gouverneur du Texas, dominait sans partage la course à l'investiture du Parti républicain. Il s'était hissé au sommet dès après avoir annoncé sa candidature, à la mi-août.

Son monde s'est écroulé au cours des derniers jours à Orlando, où plusieurs milliers de républicains ont participé à une série d'événements partisans dans le cadre de la course à la direction.

Ses malheurs ont débuté jeudi dernier, lors d'un débat télévisé sur Fox News. Son troisième.

Il n'avait épaté personne lors des deux premiers. Il se devait donc de faire bonne impression pour confondre les sceptiques qui voyaient en lui un amateur.

Il n'a pas été à la hauteur. Pire, il a déplu. «Après le débat, j'ai vu des gens arracher l'autocollant de Perry qu'ils avaient posé sur leur poitrine», a raconté Uriah Matthews, jeune partisan de Ron Paul, rencontré dans les couloirs du centre des congrès d'Orlando.

Immigration

Perry a particulièrement choqué les républicains avec sa position sur l'immigration. Au Texas, il a donné son appui à l'attribution de subventions pour les études d'enfants d'immigrants illégaux. Pendant le débat, il a accusé ceux qui s'opposent à cette initiative -probablement la majorité des républicains - de ne pas avoir de coeur.

Depuis, plusieurs membres du Parti républicain se comportent comme si Perry avait une maladie contagieuse.

Ainsi, le rassemblement à Orlando se terminait samedi par le vote (symbolique, qualifié de straw poll) de quelque 2600 délégués. Scrutin pour lequel Perry était donné gagnant. Il a dû se contenter d'une deuxième place (avec 15% des voix).

Herman Cain, candidat marginal, l'a complètement éclipsé. Il a récolté 37% des voix. Mitt Romney, ancien gouverneur du Massachusetts, talonnait Perry (à 14%) même s'il avait refusé de participer activement à ce vote.

Parmi les républicains qui n'ont pas voté pour lui, Lynne Holicky se décrit comme une conservatrice de longue date. Indécise, elle affirme ne pas savoir quel candidat elle préfère. En revanche, elle se dit certaine d'une chose: elle n'accordera jamais son vote à Perry.

Elle hausse d'ailleurs le ton quand elle parle de la position du Texan sur les immigrants illégaux. «C'est incompréhensible. Les gens qui transgressent les lois ne méritent pas un traitement de faveur», lance-t-elle.

Politique étrangère

L'immigration n'est pas le seul point faible de Perry découvert au cours des derniers jours. Le gouverneur du Texas a aussi raté ses premiers tests en matière de politique étrangère.

Lors du débat, on lui a demandé ce qu'il ferait si les talibans prenaient le contrôle de l'arsenal nucléaire pakistanais. Il a esquivé la question en suggérant que l'administration Obama n'avait pas entretenu d'assez bonnes relations avec l'Inde!

Quelques jours plus tôt, à New York, il avait pris position en faveur d'Israël avec une telle absence de nuances que même au sein de son parti certains ont été irrités.

Peggy Noonan, influente chroniqueuse conservatrice et ancienne rédactrice des discours de Ronald Reagan, l'a qualifié d'«ignoble bouffon».

Il n'en fallait pas plus pour que la machine à rumeurs s'emballe au cours du week-end. Le gouverneur du New Jersey, Chris Christie, songerait de nouveau à se lancer dans la course. Plusieurs ténors du parti, découragés par les ratés de Perry et insatisfaits par Romney, en rêvent.

Christie ou pas, le prochain débat -qui aura lieu dans deux semaines au New Hampshire - sera crucial pour le gouverneur texan. La politique américaine est un sport violent. Si Perry ne se ressaisit pas, il risque d'être tourné en dérision comme l'a été, en 2008, Sarah Palin.

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Herman Qui?


Vous avez bien lu : Herman Cain a remporté le straw poll de la Floride durant le week-end. Comment expliquer l'ascension imprévue de cet homme d'affaires de la Géorgie, célèbre pour avoir été à la tête d'une chaîne de pizzerias ? D'abord, parce qu'il a été l'un des rares candidats à prononcer un discours avant le vote de samedi. Les autres avaient presque tous déjà quitté la Floride. Ensuite, parce que ce candidat noir qui a des airs de prêcheur a prononcé une allocution électrisante. Aussi, car Mitt Romney et Michele Bachmann (qui a terminé en dernière position) avaient décidé de ne déployer aucun effort pour ce scrutin. Enfin, parce que ses idées - notamment son taux d'imposition unique à 9% - plaisent particulièrement aux militants du Tea Party, qui sont nombreux à participer à ce genre de rassemblements.