L'administration Obama a fait parvenir, hier, un rapport au Congrès justifiant son engagement dans la mission militaire de l'OTAN en Libye, de plus en plus critiquée par les élus des deux partis. Le point sur le dossier en cinq questions.

Q Pourquoi le Congrès est-il mécontent?

R Les élus soutiennent que la Maison-Blanche enfreint la Résolution des pouvoirs de guerre, loi datant de l'après-Vietnam, qui limite à 60 jours la durée d'un engagement des États-Unis dans un conflit armé sans que le Congrès ait donné son aval. Depuis le 20 mai, donc, la Maison-Blanche agit dans l'illégalité en Libye, disent-ils.

Q Qu'ont-ils entrepris de faire?

R Le président républicain de la Chambre des représentants, John Boehner, a écrit au président Obama mardi pour lui demander d'expliquer en détail pourquoi il n'avait pas requis le feu vert du Congrès avant de lancer les opérations en Libye, en mars. M. Boehner estime que le président se trouvera en violation de la Résolution des pouvoirs de guerre à partir du 19 juin. La loi stipule que, sans autorisation du Congrès, un retrait doit être entamé après 60 jours et achevé après 90 jours, limite qui sera atteinte dimanche. Et les républicains ne sont pas les seuls à critiquer le président. Hier, le représentant démocrate de l'Ohio, Dennis Kucinich, et neuf autres collègues ont déposé une poursuite en cour fédérale pour forcer la Maison-Blanche à mettre fin à toute opération en Libye.

Q Quelle est la position de la Maison-Blanche?

R L'administration Obama affirme que l'engagement américain en Libye n'est pas couvert par la Résolution des pouvoirs de guerre. Le rapport remis hier par la Maison-Blanche au Congrès affirme que les forces américaines n'ont pas pris part aux «hostilités» depuis le 7 avril, quand l'OTAN a officiellement pris les commandes de la mission. Le rôle des États-Unis consiste seulement à «soutenir» l'effort de l'OTAN, un rôle qui, semble-t-il, s'étend jusqu'à déployer des drones qui tirent des missiles sur l'ennemi, comme l'a révélé le New York Times. Jusqu'ici, le département de la Défense a dépensé 716 millions de dollars pour sa campagne militaire en Libye.

Q Qu'en pense la population américaine?

R Comme bien des événements internationaux se déroulant en contrées lointaines, le conflit armé en Libye ne fait pas beaucoup de bruit aux États-Unis. De plus, l'absence de victimes américaines assure une couverture médiatique minimale du déroulement des opérations là-bas. L'enthousiasme de la population pour l'engagement américain a régressé: à peine 26% des répondants à un sondage Politico disent appuyer la mission en cours en Libye, alors que 42% s'y opposent, et 32% sont indécis.

Q Combien de temps pourrait durer la mission en Libye?

R La mission pour chasser Mouammar Kadhafi du pouvoir tire en longueur. Pour le moment, personne ne semble savoir comment le conflit évoluera. Les militaires veulent intensifier les attaques contre le régime du dictateur libyen, un choix qui risque de faire de plus en plus de victimes dans la population civile. Le secrétaire général de l'OTAN, Anders Fogh Rasmussen, a dit cette semaine que l'engagement militaire de l'Occident en Libye durerait «aussi longtemps qu'il le faudra».

Avec la collaboration de l'Agence France-Presse

******

Le «grave problème»de l'OTAN

La baisse des dépenses consacrées à la défense dans les pays de l'OTAN constitue un «grave problème» qui risque à terme de détourner les États-Unis de l'Alliance, a affirmé hier le secrétaire américain à la Défense Robert Gates. Réitérant devant les sénateurs d'une sous-commission de la Défense ses critiques après son discours véhément de Bruxelles vendredi, le ministre a affirmé que la part des États-Unis était passée de la moitié aux trois quarts du budget militaire des 28 pays de l'OTAN. «C'est un grave problème. C'est un souci depuis quelques années, mais je pense que nos propres difficultés financières [...] posent le problème comme jamais auparavant», a-t-il jugé. «Un nombre croissant» de membres du Congrès «pour qui la guerre froide et nos liens avec l'Europe et l'OTAN ne sont pas dans les gènes» va finir par ne plus vouloir prendre en charge le fardeau. - AFP