Depuis cinq ans, tous les bâtiments construits dans la région voisine de la bande de Gaza sont munis d'un abri antimissile. Avec la rupture récente de la trêve de fait entre Israël et le Hamas, ces refuges ont démontré leur utilité au cours des deux dernières semaines. Notre journaliste a visité une des communautés qui se trouvent à quelques kilomètres de la frontière.

Le kibboutz de Sufa est situé à moins de 4 km à l'est de la bande de Gaza. Dans cette communauté collectiviste typiquement israélienne, toutes les maisons se ressemblent. Toit orange, murs blancs et...abri antimissile annexé à l'arrière de chaque demeure.

«Nous sommes dans un état où nous vivons le plus normalement possible, comme si nous étions en paix, tout en nous préparant comme si la paix n'allait jamais arriver», explique Eyal Brandeis, responsable de la sécurité de Sufa, où vivent 300 personnes.

Depuis deux semaines, les habitants du kibboutz sont sur le qui-vive. Après deux ans de calme relatif, la trêve de fait entre Israël et le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, a été rompue. Des dizaines de roquettes et d'obus de mortiers ont été lancés vers Israël. L'armée a répliqué par des raids aériens.

En tout, 11 personnes ont été tuées du côté palestinien, dont 4 civils. Trois personnes ont été blessées du côté israélien. Deux d'entre elles se trouvaient à Sufa. Elles ont subi des blessures mineures.

Au plus fort des tirs, tous les habitants de Sufa ont reçu l'ordre, par messagerie texte, de rester à la maison. Ils se sont réfugiés dans leurs abris antimissiles, installés après l'opération «Plomb durci», il y a deux ans.

L'abri ressemble à n'importe quelle autre pièce de la maison. Sauf que ses murs, en béton, ont 40 cm d'épaisseur. Un rideau de fer peut être tiré sur sa fenêtre. La porte est en acier.

Pour le reste, l'abri visité comportait un lit et une commode. Aucune réserve de nourriture ou d'eau, aucun accès direct à une salle de bains. «Les bombardements ne durent pas des heures, habituellement. Les abris n'ont pas été créés pour y vivre des jours. La plupart d'entre nous s'en servent comme d'une pièce supplémentaire le reste du temps», précise M. Brandeis.

Quand une alarme retentit, les gens ont 15 secondes pour se mettre à l'abri. «Mais parfois, l'alarme arrive après que la roquette est tombée», remarque M. Brandeis.

Choc post-traumatique

Sharon vit à Sufa depuis près de 20 ans. Elle se souvient comment, à l'époque, elle se rendait à bicyclette vers les plages de la bande de Gaza.

Depuis trois ans, le temps s'est suspendu pour sa famille. Son fils Ron, maintenant âgé de 7 ans, a vu une roquette s'abattre près de la garderie. Depuis, il souffre d'un grave syndrome de choc post-traumatique. Les événements des derniers jours ont ravivé ses souvenirs.

«Quand un nouvel obus de mortier est tombé près de la salle à manger, il était hystérique», raconte la mère de trois enfants. Elle a souvent songé à déménager. Mais les thérapeutes de son fils lui ont fortement suggéré de rester à Sufa. «Ici, c'est tout ce qu'il connaît, c'est son environnement», ajoute-t-elle.

Elle reste bien consciente que d'autres mères vivent des situations semblables de l'autre côté de la barrière. «Nous sommes des gens ordinaires, qui veulent juste une vie tranquille, résume M. Brandeis. Et je suis sûr que les gens ordinaires de l'autre côté veulent la même chose.»

Hier, un Gazaoui a été tué et un autre blessé dans un raid aérien de l'armée israélienne, selon des sources médicales rapportées par l'AFP. La branche armée du Jihad islamique a indiqué que les deux Palestiniens faisaient partie de l'organisation. Un autre bombardement aérien a visé un tunnel de la bande de Gaza. Ces deux raids font suite à un tir de roquette vers le sud d'Israël mardi soir, après deux jours de calme. Avec l'Agence France-Presse