Les étudiants et le personnel des collèges et des universités du Texas pourraient bientôt être libres de porter une arme sur eux dans les campus de l'État.

C'est ce que propose un projet de loi controversé appuyé par la majorité républicaine au Congrès. La loi autoriserait le port d'une arme non visible (concealed en anglais) dans les 38 campus du Texas. Le gouverneur de l'État, Rick Perry, a donné son aval au projet.

Selon le sénateur républicain Jeff Wentworth, la mesure viserait à stopper les tireurs fous. Un citoyen qui souhaite porter une arme sur le campus devra être âgé d'au moins 21 ans et posséder un permis. Jusqu'ici, seul l'Utah permet aux citoyens d'avoir une arme dans les campus.

«C'est strictement une question d'autodéfense, a dit M. Wentworth cette semaine. Je ne veux pas voir la tragédie de Virginia Tech se répéter sur un campus texan. Dans cette tragédie, un fou suicidaire a pu s'en prendre à des enfants sans défense, des cibles faciles.»

Le projet de loi ne fait pas l'unanimité au Texas. Un sondage publié en janvier par le journal The Houstonian montre que 67% des Texans sont contre le projet, alors que 26% sont pour.

John Woods, directeur du groupe Texas pour des écoles sans fusils et étudiant au doctorat en biologie à l'Université du Texas à Austin, estime que les opposants ont encore des chances de faire valoir leurs visées.

«Ce qu'on entend, c'est que les élus républicains appuient publiquement le projet mais n'ont pas envie de voter pour, car le public est opposé à cette loi.»

M. Woods étudiait à Virginia Tech, en 2007, quand un tireur a fauché la vie de 32 personnes. Sa copine figurait parmi les victimes.

Selon lui, les événements tragiques font oublier que les campus sont généralement des endroits sûrs. «Les campus font partie des endroits où les taux d'homicides sont les plus bas. Si je voyais constamment des crimes sur le campus, ma position sur le port d'armes serait peut-être différente. Mais rien de tout cela n'arrive.»

Le débat sur cette question est acrimonieux, note M. Woods. «Les gens qui sont pour le port d'arme ne souhaitent pas trouver un compromis. De notre côté, nous sommes prêts à trouver un terrain d'entente pour permettre à certaines personnes d'être armées. Mais eux, c'est tout ou rien.»

M. Woods et son groupe ont d'ailleurs dû composer avec les gestes d'un étudiant pro-arme qui a affiché sur Facebook le logo du groupe, modifié pour montrer des silhouettes criblées de balles.

«Quand le journal étudiant a voulu écrire là-dessus, le type est allé les engueuler au journal. Bien des gens se sont sentis intimidés», dit-il.

Quelque 500 000 étudiants fréquentent un collège ou une université au Texas. Aux États-Unis, 20 États ont choisi de rejeter des projets de loi semblables, proposés dans la foulée de la tuerie de Virginia Tech.

Le projet de loi est étudié par un comité de la Chambre des représentants du Texas, et la date d'un éventuel vote n'est pas encore connue. La Chambre siège jusqu'au 31 mai.