Il ne manquerait plus que Barack Obama choisisse l'ancien porte-parole de la Maison-Blanche Mike McCurry pour remplacer l'actuel titulaire de ce poste, Robert Gibbs, qui a annoncé sa démission cette semaine.

Après tout, il a déjà fait appel à deux vétérans de l'administration Clinton dans le remaniement de son équipe à la Maison-Blanche. Jeudi, il a annoncé la nomination de l'ancien secrétaire au Commerce William Daley au poste de chef de cabinet. Hier, Gene Sperling est redevenu principal conseiller économique de la Maison-Blanche, un poste qu'il avait occupé durant le deuxième mandat de Bill Clinton.

Ces nominations accentuent un phénomène qui peut surprendre de la part d'un politicien qui s'est fait élire à la présidence sous la bannière du changement: quand cela lui convient, Barack Obama n'hésite pas à puiser dans le personnel des deux dernières administrations. Il l'a démontré notamment lorsqu'il a nommé l'ancien secrétaire au Trésor Lawrence Summers au poste de principal conseiller économique de la Maison-Blanche et lorsqu'il a demandé à Robert Gates de rester à la Défense.

Les nominations de Daley et Sperling rappellent en outre les ajustements que Bill Clinton avait dû faire après les élections de mi-mandat de 1994. À partir de 1995, le 42e président s'était fait l'apôtre de la «troisième voie» entre la gauche démocrate et la droite républicaine.

Regard vers le centre

Or, tant Daley que Sperling ont la réputation d'être centristes ou modérés, des étiquettes qui donnent de l'urticaire aux démocrates les plus progressistes. Leur nomination pourrait signaler que Barack Obama a l'intention de suivre l'approche de Bill Clinton dans les deux prochaines années.

Daley et Sperling ont également tous les deux vécu la réalité de la cohabitation à l'américaine sous Bill Clinton à la Maison-Blanche et Newt Gingrich à la Chambre des représentants. Sperling a déjà mis cette expérience à l'oeuvre à titre de conseiller du secrétaire au Trésor Timothy Geithner, en décembre, lorsqu'il a participé aux négociations qui ont mené au compromis fiscal conclu entre le président et les dirigeants républicains du Congrès. De retour à son ancien poste, il tentera de nouveau de négocier avec les républicains du Congrès des mesures économiques acceptables pour les deux partis, comme il l'avait fait lors du second mandat de Bill Clinton.

Reconnu pour son talent de négociateur, William Daley devrait également jouer un rôle important dans les tractations à venir avec les républicains du Congrès, dont le nouveau président de la Chambre des représentants, John Boehner. Si ce dernier semble n'avoir aucun atome crochu avec le président Obama, du moins partage-t-il avec Daley des affinités religieuses et sociales: les deux ont grandi dans une famille catholique qui s'est toujours vantée de ses origines ouvrières.

Mais Daley ne devrait pas seulement aider Barack Obama à composer avec les républicains du Congrès. Il est également bien placé pour donner à son nouveau patron un coup de main dans sa quête d'un second mandat à la Maison-Blanche. Issu d'une puissante dynastie politique de Chicago, il est rompu aux luttes électorales. En 1999, il a notamment été président de la campagne d'Al Gore au moment où celui-ci tirait de l'arrière par plus de 20 points sur Bill Bradley dans la course à l'investiture démocrate. Le soir de l'élection présidentielle, il était intervenu in extremis pour empêcher l'ancien vice-président de concéder la victoire à George W. Bush.

La réélection de Barack Obama fera donc partie de ses priorités, ce dont certains commentateurs conservateurs se sont plaints. Mais le premier chef de cabinet de Barack Obama n'y voit rien de mal. «Exclure la politique du politique, c'est comme exclure l'argent du capitalisme», a déclaré Rahm Emanuel récemment.