La Chine serait-elle prête à lâcher la Corée du Nord, dont le comportement a été comparé à celui d'un «enfant gâté» par un de ses diplomates?

La question se pose à la suite des nouvelles révélations découlant de la publication de câbles diplomatiques américains par WikiLeaks. Cette fois, les communications illustrent non seulement l'exaspération de Pékin face à son alliée traditionnelle, mais également son impuissance.

Ces révélations s'ajoutent au grand déballage diplomatique qui secoue Washington et ses alliés depuis dimanche. Outre le lien Pékin-Pyongyang, la relation entre les États-Unis et le Pakistan a également attiré l'attention hier. Selon des documents publiés notamment par la BBC et le New York Times, l'ambassadrice des États-Unis à Islamabad, Anne Patterson, a exprimé dans un télégramme, en 2009, sa crainte de voir du matériel nucléaire appartenant au Pakistan tomber entre de mauvaises mains.

Moins d'un mois avant l'envoi de ce télégramme, Barack Obama avait tenu à ce sujet des propos qui se voulaient rassurants lors d'une conférence de presse à la Maison-Blanche.

Les câbles diplomatiques américains reflètent également la frustration de Washington face à l'appui fourni par le Pakistan aux talibans afghans.

Mais ce sont les révélations sur les problèmes de la Chine avec la Corée du Nord qui ont suscité la plus grande surprise.

Un câble américain fait notamment état d'un dîner en 2009 au cours duquel l'ambassadeur de la Chine au Kazakhstan, Cheng Guoping, a déclaré que son pays «espérait» que l'unification de la péninsule coréenne «aurait lieu à long terme, mais s'attendait à ce que les deux pays restent séparés à court terme». En attendant, il a qualifié le programme nucléaire de la Corée du Nord de «très embêtant».

Un autre câble cite sans le nommer un responsable chinois qui a déclaré à un diplomate américain que Pyongyang était «allé trop loin» en procédant à son second essai nucléaire et en tirant un missile. D'après ce télégramme, le responsable chinois a admis que les protestations de son pays auprès de la Corée du Nord n'avaient «pas eu d'effet». «Les États-Unis sont le seul pays qui pourrait faire des progrès dans les discussions avec la Corée du Nord», a affirmé ce responsable.

L'ouverture de la Chine à la réunification des deux Corées a également été évoquée par le vice-ministre sud-coréen des Affaires étrangères, Chun Yung-woo, qui a relaté à l'ambassadrice des États-Unis à Séoul, Kathleen Stephens, sa conversation avec deux responsables chinois.

«La Chine refuserait certainement la présence de soldats américains dans la zone démilitarisée entre les deux Corées, mais serait à l'aise avec une Corée réunifiée, contrôlée par Séoul», a-t-il dit, selon un télégramme.

D'après un autre câble, le vice-ministre coréen a déclaré que les dirigeants chinois ne considèrent plus la Corée du Nord «comme un allié utile ou fiable». Selon lui, la Corée du Nord «s'est déjà effondrée économiquement» et va «s'effondrer politiquement» deux ou trois ans après la mort de son leader, Kim Jong-il.