Le président français Nicolas Sarkozy a donné un nouvel exemple de son caractère explosif au cours d'une rencontre de presse informelle tenue vendredi dernier à Lisbonne en marge du sommet de l'OTAN.

Selon plusieurs médias français, qui diffusent la nouvelle depuis lundi soir sur le web, le chef d'État a traité de «pédophile» un journaliste qui le questionnait sur son rôle présumé dans l'affaire Karachi pour illustrer «la folie» des allégations qui le touchent et le manque de rigueur des médias.

Le politicien est soupçonné d'avoir participé en 1995 au détournement d'une partie des commissions versées dans le cadre d'un contrat militaire avec le Pakistan pour financer la campagne présidentielle de son mentor de l'époque, Édouard Balladur.

«Vous êtes un pédophile. J'en ai l'intime conviction. J'ai vu les services secrets, mais je ne vous dirai pas lesquels, j'ai vu quelqu'un, mais je ne vous dirai pas qui c'est, et c'était oral. Mais j'en ai l'intime conviction, vous êtes pédophile», a-t-il lancé selon L'Express au journaliste qui le questionnait à ce sujet.

Il en remet

Le conseiller de presse du président, Franck Louvrier, lui a alors signifié qu'il fallait quitter la rencontre pour dîner. «J'espère qu'on vous a pas coupé l'appétit», a lancé un journaliste, suscitant une nouvelle salve du chef d'État. «Mais non, c'est sans rancune, hein, le pédophile», a-t-il lancé selon un autre compte rendu fait par Le Journal du dimanche.

Après avoir répondu à une autre question, Nicolas Sarkozy se serait finalement retiré de la pièce en lançant, à la ronde: «Amis pédophiles, à demain!»

L'entourage du président est ensuite revenu dans la pièce pour rappeler aux journalistes que la rencontre était informelle et que son contenu ne devait pas être reproduit.

Réagissant aux échos de l'incident dans les médias, l'entourage du président a affirmé à L'Express qu'il n'avait traité aucun journaliste de pédophile.

Le journaliste politique du Monde, Arnaud Leparmentier, a indiqué sur son blogue que la sortie colérique de Nicolas Sarkozy «ne valait pas tripette».

«Il a parlé comme il le fait toujours, y compris dans ses conférences de presse, en prenant à partie les journalistes qui le questionnent», souligne-t-il.

Pascal Riché, du site Rue89, pense au contraire qu'elle est révélatrice puisqu'elle démontre que le président cherche par tous les moyens à éviter les questions de fond soulevées par l'imbroglio franco-pakistanais.

Le chef d'État français n'en est pas à sa première sortie virulente. Il avait notamment fait des vagues après avoir lancé en 2008 «Casse toi pauv' con» à un visiteur du Salon de l'agriculture qui refusait de lui serrer la main. La salve revient régulièrement aujourd'hui dans les manifestations.