Bien que sa cote demeure au plus bas dans les sondages, le président de la République française Nicolas Sarkozy ne voit guère matière à mea-culpa dans son action politique.

Le chef d'État en a donné la preuve hier soir lors d'une émission spéciale d'une heure et demie diffusée de l'Élysée durant laquelle il a écarté à plusieurs reprises avec hauteur les interrogations critiques des journalistes présents, décrits comme des «commentateurs».

«Ne confondez pas les Français et les commentateurs», a-t-il déclaré d'emblée après avoir été interrogé sur le fait que le remaniement politique annoncé la fin de semaine dernière avait été longuement retardé et moins substantiel que prévu.

Le président s'est justifié de sa décision de reconduire à son poste le premier ministre François Fillon après avoir songé à lui préférer le ministre sortant de l'Écologie, Jean-Louis Borloo, qui a refusé de se joindre au nouveau gouvernement.

«J'ai pensé qu'il était la meilleure personne à la place éminente de premier ministre», a-t-il déclaré en parlant de M. Fillon, avec qui il dit se trouver en «confiance totale».

Cote de popularité en baisse

Le maintien du premier ministre et de plusieurs ministres d'envergure, a ajouté le président, est une preuve de stabilité de nature à «apaiser le pays» dans une période d'insécurité économique.

Selon un sondage diffusé hier, la partie est loin d'être gagnée puisque 64% des Français affirment ne pas faire confiance au nouveau gouvernement, sous le feu des critiques de la gauche, mais aussi d'élus centristes qui s'estiment marginalisés.

Sur la réforme des retraites, qui vient d'être promulguée après des mois de manifestations, le président a aussi plaidé pour la justesse de son action, affirmant qu'il s'était comporté de manière responsable pour éviter l'effondrement du régime.

«Si nous n'avions pas conduit la réforme, est-ce que le climat social se serait amélioré?» a-t-il demandé en relevant que les troubles étaient demeurés somme toute limités pour un pays au caractère «éruptif».

Sur la question de l'immigration, le chef d'État a indiqué qu'il continuerait à défendre une approche «humaine» et «ferme» visant à contrer l'immigration illégale, vue comme une menace pour le système d'intégration français. Il a concédé au passage que son recours à la notion d'identité nationale avait donné lieu à des «malentendus».

Au sujet de l'expulsion des Roms, qui a fait les manchettes durant l'été, le président a encore une fois défendu sa politique, niant toute stigmatisation ethnique. Il a insisté sur le fait que la Commission européenne avait donné son aval à l'action française après avoir menacé un temps de porter plainte contre le pays.

Nicolas Sarkozy a par ailleurs abordé les priorités de l'État pour les 18 mois devant mener à la prochaine élection présidentielle, en 2012, qui promet d'être chaudement contestée.

Le président entend notamment traiter le problème de la dépendance et de la fragilisation des aînés, réformer la fiscalité et réduire le chômage des jeunes, actuellement à un niveau très élevé.

Le premier ministre Fillon avait insisté quelques heures plus tôt, à l'Assemblée nationale, sur le fait que la priorité «absolue» sera de «lutter contre les déficits, la réduction de l'endettement, la réduction de la dépense publique».