Les élections de mi-mandat terminées, la classe politique américaine pense déjà à la course à la Maison-Blanche de 2012. Les républicains font face à un dilemme, nous explique notre correspondant. Vont-ils virer à droite et embrasser les idéaux du Tea Party, ou bien chercher à présenter une image modérée attrayante pour les électeurs centristes?

Les élections de mi-mandat ont été une victoire pour les républicains. Or, bien des dirigeants du parti sont furieux d'avoir raté des sièges à portée de main au Delaware, au Colorado et au Nevada, ce qui leur aurait permis de reprendre le Sénat.

Ces batailles, les républicains les ont perdues à cause de blessures que le parti s'est lui-même infligées. Ce problème doit être résolu si la formation politique veut reprendre la Maison-Blanche dans deux ans.

«La soirée de mardi a été bonne pour les républicains, mais elle aurait pu être meilleure encore», a dit cette semaine le sénateur républicain Lindsey Graham.

M. Graham digère mal que les militants de droite du Tea Party aient sélectionné des candidats vus comme des purs et durs mais mal préparés.

Le fiasco O'Donnell

Au Delaware, par exemple, le Tea Party a préféré Christine O'Donnell à Mike Castle, républicain modéré que les sondages donnaient gagnant contre le démocrate Chris Coons. M. Coons a facilement battu O'Donnell.

«Si vous pensez que ce qui s'est passé au Delaware est une «victoire» pour le Parti républicain, alors nous n'avons pas la moindre chance de gagner la Maison-Blanche, a dit Graham, interrogé par le site Politico. En revanche, si vous pensez que le Delaware est une sonnette d'alarme pour le parti, alors nous avons une ouverture pour bien jouer nos cartes pendant longtemps.»

L'aile droite du parti est composée de Sarah Palin, Jim DeMint, Mitch McConnell et Rand Paul, notamment.

«On ne peut jamais être trop à droite», a dit Sarah Palin la semaine dernière, en réponse à une question sur l'orientation du parti.

Revoir les limites

Les républicains ont une autre carte dans leur jeu pour 2012: ils détiennent désormais, dans 14 États, à la fois les postes de gouverneur et la législature. Du jamais vu depuis 1928. Cela arrive au moment où les limites des circonscriptions électorales doivent être redessinées.

Ce sujet aride n'attire pas beaucoup l'attention mais, pour les partis, il s'agit d'un enjeu majeur.

Les nouveaux gouverneurs républicains traceront les circonscriptions pour favoriser leur parti - tout comme l'auraient fait les démocrates.

Avec les résultats de mardi, les républicains ont la voie libre pour redéfinir les limites de 164 circonscriptions pour des postes au Congrès. Les démocrates pourront en redéfinir 88 tout au plus.

«Les républicains sont déjà majoritaires à la Chambre des représentants, donc cette méthode ne pourra pas leur donner un grand nombre de sièges supplémentaires, a noté le Washington Post, cette semaine. Or, ces nouveaux pouvoirs leur permettront de consolider leurs acquis et de poursuivre leur but: rester majoritaires durant des années.»

_______________________________________

Candidats potentiels

Mike Huckabee

L'ancien gouverneur de l'Arkansas Mike Huckabee est pratiquement certain d'être dans la course à l'investiture républicaine pour 2012. Dans un scénario hypothétique, il récolte 52% des intentions de vote, contre 44% pour Obama, selon CNN. Huckabee a déjà dit qu'il était «un militant du Tea Party bien avant que le Tea Party n'existe».

Mitt Romney

Ancien gouverneur du Massachusetts, Mitt Romney ne cache pas ses intentions d'être candidat à la présidentielle. Or, le fait qu'il ait implanté un système de santé semblable à celui d'Obama au Massachusetts pourrait lui nuire. L'aile droite du parti ne semble pas favorable à un candidat vu comme un modéré.

Marco Rubio

Le nouveau sénateur de la Floride a fait parler de lui, cette semaine. Tentera-t-il sa chance en 2012? Les avis sont partagés. Rubio n'a jamais occupé de poste à Washington et il n'a que 39 ans. Mais il est en bons termes avec la droite du parti, et tous les regards sont braqués sur lui. Quoi qu'il en soit, Rubio devra se décider rapidement: les autres candidats potentiels ont pratiquement tous déjà monté leur campagne.

Sarah Palin

Sarah Palin est la figure de proue de l'aile droite des républicains. Son énergie et sa présence dans les médias lui donnent une longueur d'avance. Or, à peine 22% de l'électorat a d'elle une opinion favorable. L'establishment du parti a dit vouloir stopper Palin, qui pourrait gagner l'investiture républicaine pour ensuite faire piètre figure à la présidentielle.

Newt Gingrich

Président de la Chambre des représentants après la victoire républicaine de 1994, Newt Gingrich avait été critiqué par son parti pour avoir échoué à arrêter Bill Clinton. Aujourd'hui, ses visées radicales trouvent grâce aux yeux des adeptes du Tea Party. Il reste à savoir si les États-Unis sont prêts à donner une seconde chance à l'homme qui représentait le visage des républicains dans les années 90.

Tim Pawlenty

Le gouverneur du Minnesota, Tim Pawlenty, songe à entrer dans la course. Il annoncera sa décision au printemps. Pawlenty a récemment dit que bien des républicains «mentent» lorsqu'ils parlent d'assainir les finances publiques en ne sabrant pas la sécurité sociale et l'assurance médicaments, les programmes fédéraux les plus importants. Selon lui, les républicains pourraient perdre l'appui du Tea Party si les élus ne mettent pas en pratique ce qu'ils prêchent durant la campagne.

Autres candidats

Des personnalités moins connues pourraient décider de tenter leur chance. On pense au sénateur Rick Santorum, au gouverneur du Texas, Rick Perry, au représentant Ron Paul ou encore au sénateur Jim DeMint.