Le tribun Barack Obama attire toujours les foules, comme en font foi les rassemblements partisans du week-end. Mais le président saura-t-il secouer l'apathie démocrate et faire sortir les électeurs au scrutin de mi-mandat de demain ? Tel est le principal écueil pour son parti, qui pourrait se voir ravir par les républicains la majorité à la Chambre des représentants.

À l'extérieur du Pavillon de Charlottesville, amphithéâtre en plein air où Barack Obama est attendu, Greg Stevens répète à qui veut l'entendre un message sur lequel repose le dernier espoir des démocrates à la veille des élections de mi-mandat.

«Nous avons besoin de volontaires pour cogner aux portes et faire des appels téléphoniques. Nous devons nous assurer que tous les démocrates iront voter mardi (demain)», dit cet étudiant de l'Université de Virginie en distribuant des tracts aux gens en file.

Ce message n'est pas seulement crucial pour Tom Perriello, représentant démocrate de Virginie aux côtés duquel le président devait se montrer. Il vaut également pour des dizaines de démocrates dont les sièges à la Chambre des représentants risquent d'être emportés demain par la vague républicaine que les pronostiqueurs annoncent depuis plusieurs semaines.

Le Washington Post a publié hier un sondage qui illustre parfaitement le défi auquel font face les troupes de Barack Obama en cette saison électorale marquée par une forte mobilisation des électeurs du Parti républicain et une apathie relative des électeurs du Parti démocrate. Les républicains récoltent 49% des intentions de vote contre 45% pour les démocrates auprès des électeurs les plus susceptibles de se rendre aux urnes, une catégorie qui tient notamment compte de la participation des répondants aux dernières élections.

Reconquête républicaine?

C'est en se fiant à ce genre de données que les pronostiqueurs peuvent affirmer que les républicains réaliseront probablement des gains qui iront bien au-delà des 39 sièges dont ils ont besoin pour reconquérir la majorité à la Chambre des représentants. Au Sénat, les gains des républicains pourraient se limiter à huit ou neuf sièges, soit moins que les 10 requis pour obtenir la majorité de cette chambre.

Mais le même sondage du Washington Post introduit une note d'incertitude dans les pronostics. Ainsi, si l'on tient compte de l'ensemble des électeurs, et pas seulement des plus susceptibles de se rendre aux urnes, les démocrates devancent les républicains, 49% à 45%.

D'où le message de Barack Obama aux électeurs de la circonscription de Tom Perriello vendredi soir.

«Il est absolument crucial que vous vous manifestiez et exprimiez vos espoirs pour l'avenir, en particulier les jeunes ici», a-t-il déclaré en s'adressant à une foule enthousiaste de 10 000 personnes, parmi lesquelles se trouvaient de nombreux étudiants de l'Université de Virginie, une des institutions les plus importantes de Charlottesville.

Plan de relance

C'est en grande partie grâce aux électeurs de cette ville universitaire que Tom Perriello est devenu en 2008 l'un des 55 démocrates à avoir délogé un républicain à la Chambre des représentants depuis les élections de mi-mandat de 2006. Demain, cependant, tous ces sièges pourraient retourner au Parti républicain.

Mais Tom Perriello, représentant réputé pour son charisme et sa combativité, est toujours à égalité avec son rival républicain à la veille du scrutin. Contrairement à plusieurs démocrates élus dans des circonscriptions conservatrices, il n'a pas renié ses votes les plus controversés, notamment sur le plan de relance économique de 787 milliards de dollars.

«Discutons de cette question en adultes. Sans le plan de relance, nous aurions connu une dépression économique», a-t-il déclaré jeudi soir lors d'un débat télévisé au cours duquel il a également défendu son vote en faveur de la réforme du système de santé.

Cette attitude opiniâtre a valu à Tom Perriello d'être l'unique candidat démocrate à la Chambre des représentants pour lequel Barack Obama a fait campagne en cette saison électorale.

Au cours du week-end, le président a terminé dans quatre États (Pennsylvanie, Connecticut, Ohio et Illinois) les dernières étapes du marathon électoral dans lequel il est engagé depuis plusieurs semaines.

Un «séisme politique», selon Palin

«J'ai un bon pressentiment», a dit Obama hier à Chicago en faisant campagne pour les candidats démocrates aux postes de gouverneur et de sénateur d'Illinois. «Si la participation est bonne, Pat va gagner, Alexi va gagner. C'est la raison pour laquelle la participation est si importante.»

«Mais cela va être serré. Ce sont des élections serrées. C'est vrai ici (dans l'Illinois), c'est vrai dans l'Ohio, c'est vrai dans tous les États où nous sommes dans la course.»

N'empêche, Barack Obama sera un homme déçu demain soir, s'il faut en croire Sarah Palin. L'ex-candidate à la vice-présidence a prédit hier «un séisme politique», exprimant un optimisme que partagent plusieurs républicains.

«Les électeurs vont dire: «Vous avez tout gâché, M. le président. Nous vous avions donné deux ans pour accomplir votre promesse de relancer notre économie»», a-t-elle dit sur Fox News.