D'entrée, les démocrates ont semblé prendre une avance insurmontable dans la catégorie du parti présentant les candidats le plus insolites, voire farfelus, aux élections de mi-mandat, qui auront lieu le 2 novembre.

En mars, Kesha Rogers, disciple de Lyndon LaRouche, pape de la théorie du complot, a réussi l'exploit de remporter la primaire du Parti démocrate dans une circonscription conservatrice du Texas, où elle tente de se faire élire à la Chambre des représentants contre le républicain sortant, Peter Olson, dont la réélection est assurée. Cette femme de 33 ans n'est pas le genre de démocrate dont rêve Barack Obama. Depuis le début de sa campagne, elle réclame la destitution du président, dénonçant ce «paranoïaque narcissique» dont l'«effondrement mental» est exacerbé, à son avis, par une surconsommation de tabac et de médicaments.

Comment a-t-elle pu remporter la primaire démocrate? La même question a suivi en juin la victoire inattendue d'Alvin Greene, chômeur de 33 ans qui a enlevé l'investiture démocrate pour l'élection sénatoriale de Caroline-du-Sud sans avoir prononcé un seul discours électoral ou distribué la moindre affiche. Selon une théorie qui s'appliquerait également au cas de Kesha Rogers, cet ex-militaire aurait récolté le plus grand nombre de voix pour la seule et unique raison que son nom figurait en tête des bulletins de vote. Ses chances de l'emporter face au sénateur sortant Jim DeMint sont d'autant moins bonnes qu'il a été arrêté en novembre dernier pour avoir montré des images pornographiques à une étudiante et lui avoir fait des propositions, un fait révélé par les médias au lendemain de son investiture.

»Je ne suis pas une sorcière»

Qui dit mieux? Depuis le départ en lion des démocrates, les républicains ont donné l'impression de vouloir rivaliser avec eux pour le titre du parti revendiquant les candidats les plus excentriques. À la différence de leurs adversaires, cependant, ils ont choisi plusieurs personnalités insolites, voire loufoques, dans des circonscriptions ou des États où leur parti ont, ou avaient, de bonnes chances de gagner. On a vu, dans presque tous ces cas, l'influence des militants du Tea Party, qui ont rejeté plusieurs candidats conventionnels.

Les lecteurs de La Presse ont déjà pu lire dans nos pages des articles sur Christine O'Donnell et Carl Paladino, dont les déclarations passées et présentes font le bonheur des Jon Stewart, Bill Maher et autres comédiens de la télévision américaine.

«Je ne suis pas une sorcière», a notamment déclaré Christine O'Donnell dans une pub récente, histoire de rassurer les électeurs du Delaware, où elle brigue un siège au Sénat. À une autre époque, la candidate de 41 ans avait avoué avoir tâté de la sorcellerie. Elle devait plus tard redécouvrir Jésus et partir en campagne contre la masturbation et pour le créationnisme. Aux dernières nouvelles, elle tire de l'arrière dans les sondages par au moins 11 points.

Carl Paladino, candidat républicain au poste de gouverneur de New York, continue de dérouter les observateurs. Mardi dernier, il s'est excusé auprès des gais et lesbiennes pour avoir tenu, deux jours plus tôt, des propos homophobes devant des juifs orthodoxes de Brooklyn. Le lendemain, le Daily News a révélé que l'homme d'affaires de Buffalo avait loué deux de ses immeubles à des bars gais, dont l'un était géré par son fils.

Autre candidat républicain bizarre : Ron Iott, qui brigue un siège à la Chambre des représentants dans une circonscription d'Ohio. Ses chances de vaincre la démocrate sortante, Mary Kaptur, ont diminué considérablement après la publication de photos le montrant revêtu de l'uniforme nazi. Iott se défend d'appuyer l'idéologie hitlérienne, mais il avoue aimer recréer avec d'autres amateurs les faits d'armes d'une unité SS responsable du massacre de quantité de Juifs.

Prendre les armes!

Mais Sharron Angle est peut-être la candidate républicaine la plus insolite ayant les meilleures chances de triompher le 2 novembre. Opposée au chef de la majorité démocrate au Sénat, Harry Reid, cette politicienne ultraconservatrice a déjà déclaré que l'avortement provoquait le cancer du sein. Elle a également laissé entendre que ses électeurs devraient peut-être prendre les armes s'ils ne parviennent pas à déloger le démocrate de son siège. Après tout, le deuxième amendement de la Constitution ne garantit-il pas le droit des citoyens de s'armer pour combattre la tyrannie?

Les candidats insolites du Parti républicain n'ont évidemment pas le monopole de l'outrance, comme l'a notamment démontré le représentant démocrate de Floride Alan Grayson, qui a traité son adversaire de «taliban» dans une pub télévisée.