Réputé pour son tempérament de bagarreur et ses jurons de charretier, Rahm Emanuel a montré un côté vulnérable de sa personnalité, hier, lors d'une cérémonie marquant son départ de la Maison-Blanche, où il a dû se faire un nombre à peu près égal d'amis et d'ennemis à titre de chef de cabinet.

Celui que les médias surnomment «Rahmbo» a ravalé ses larmes en remerciant sa femme et ses trois enfants, assis à quelques pas de lui dans l'un des salons d'apparat de la Maison-Blanche. Sa démission lui permettra de réaliser un vieux rêve, celui de briguer la mairie de Chicago, sa ville natale. L'intérim sera assuré par Peter Rouse, un des plus anciens collaborateurs de Barack Obama à Washington.

«Nous perdons un dirigeant incomparable de notre équipe et il va beaucoup nous manquer», a déclaré Barack Obama, qui a qualifié cette journée de «douce-amère». Le départ de Rahm Emanuel n'est pas le premier dans l'administration Obama. Il y a une semaine à peine, Larry Summers a annoncé son intention de quitter à la fin de l'année ses fonctions de directeur du Conseil économique de la Maison-Blanche.

Deux autres membres de l'équipe économique, Peter Orszag et Christine Romer, avaient déjà tiré leur révérence, le premier en juillet et l'autre en septembre.

Mais aucun d'entre eux n'occupait à la Maison-Blanche un poste aussi névralgique que celui de chef de cabinet, dont les responsabilités sont à la fois organisationnelles, législatives et politiques. Ainsi, en plus de décider qui était autorisé ou non à voir le président, Rahm Emanuel a joué un rôle important dans l'adoption par le Congrès du programme de relance économique de 787 milliards de dollars et de la réforme du système de santé, entre autres choses.

Dans ces deux dossiers, Emanuel a été accusé de pousser le président vers des compromis inacceptables aux yeux de la gauche démocrate.

Son influence s'est également fait sentir dans des dossiers de sécurité nationale. Emanuel était notamment un chaud partisan des attaques par drone dans les zones tribales du Pakistan.

Né le 29 novembre 1959, Rahm Emanuel a travaillé comme conseiller politique dans l'administration Clinton avant de se recycler dans la finance. Élu à la Chambre des représentants en 2002, il a représenté une circonscription de Chicago jusqu'à son embauche par Barack Obama.

Un homme de l'ombre

Quelle est la différence entre Rahm Emanuel et Peter Rouse, l'homme de 64 ans qui a été choisi pour assurer son intérim? «Pete n'a jamais vu un micro ni une caméra qui lui plaise», a ironisé Barack Obama hier.

Homme de l'ombre qui a ses entrées partout à Washington, Peter Rouse a été le chef de cabinet de Barack Obama au temps où il était sénateur. Dans cette fonction, Rouse a notamment planifié de façon minutieuse le parcours que devait suivre le jeune politicien s'il voulait briguer la présidence à plus ou moins long terme.

Célibataire, Rouse a longtemps été le bras droit de l'ancien sénateur du Dakota du Sud Tom Daschle.