L'ex-comptable de Liliane Bettencourt, riche héritière de L'Oréal, maintient, malgré les démentis des principaux intéressés, que la campagne présidentielle de 2007 de Nicolas Sarkozy a été financée illégalement.

Dans une entrevue exclusive diffusée lundi soir sur France 2, Claire Thibout a réitéré que le gestionnaire de fortune de Mme Bettencourt, Patrick de Maistre, lui avait demandé 150 000 euros (environ 200 000$) en liquide à cette époque.

M. de Maistre aurait alors affirmé qu'il devait remettre la somme à Éric Woerth, ex-trésorier de l'UMP, parti de la majorité, «pour la campagne électorale de M. Sarkozy».

Mme Thibout avait fait des déclarations similaires en juillet, suscitant de vigoureux démentis tant de M. Woerth que de l'Élysée.

Une enquête pour financement illégal a été ouverte. Elle confirme que Mme Thibout a retiré une somme de 50 000 euros (environ 68 000$) d'un compte bancaire français à l'époque des faits allégués, mais ne précise pas leur destinataire. L'ex-comptable affirme qu'elle a refusé de retirer plus et que les 100 000 euros manquants auraient été obtenus par M. de Maistre d'un compte suisse.

Autre affaire

Une autre affaire susceptible de jeter un éclairage sur les rouages du financement de l'UMP vient par ailleurs de rebondir devant les tribunaux.

La veuve de Daniel Wildenstein, riche collectionneur de tableaux mort en 2001, accuse ses deux fils d'avoir caché une partie de l'héritage dans des paradis fiscaux. Elle a fait déposer lundi une plainte pour «trafic d'influence, corruption active et passive et recel de blanchiment d'argent».

Selon le site Mediapart, Éric Woerth se voit reprocher de n'avoir rien fait pour contrer cette présumée fraude alors qu'il était ministre du Budget même si ses services ont été avertis par lettre de la situation à plusieurs reprises. Une passivité qui, allègue-t-on, pourrait s'expliquer par le fait que l'un des fils mis en cause est membre du Premier cercle, un groupe de riches donateurs de l'UMP.

Dans une entrevue au Parisien, M. Woerth a indiqué hier qu'il espérait demeurer au sein du gouvernement à l'issue du remaniement ministériel prévu en novembre. «On a beau depuis quatre mois salir mon nom, j'ai ma conscience à moi», a-t-il déclaré.