Les autorités françaises multiplient les interventions publiques, ces jours-ci, pour sensibiliser la population au risque d'un attentat sur le territoire national, relevant que tous les indicateurs «sont au rouge».

«La menace terroriste est réelle et notre vigilance est donc aujourd'hui renforcée», a déclaré hier le ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux.

«Le message que je porte est donc un message de très grande vigilance, mais, en même temps, il faut rassurer les Français, car nous avons mobilisé tous les moyens», a-t-il ajouté.

En matinée, la radio RTL avait fait grimper la tension d'un cran en évoquant un possible attentat kamikaze: «Des informations concordantes sont parvenues dans la nuit de mercredi à jeudi derniers au ministère de l'Intérieur en provenance d'un pays du Maghreb et d'un service français. Les services secrets ont cherché toute la journée de jeudi une femme terroriste», avait annoncé RTL, en précisant que la menace était «toujours prise au sérieux aujourd'hui».

La tour Eiffel mieux protégée

Les autorités ont renforcé récemment la surveillance de plusieurs endroits stratégiques, dont la tour Eiffel, qui a été évacuée mardi en raison d'une fausse alerte à la bombe.

La fin de semaine précédente, dans une entrevue accordée au Journal du dimanche, le chef de la Direction centrale du renseignement intérieur, Bernard Squarcini, avait fait part de ses inquiétudes en matière de sécurité. Il est revenu à la charge dimanche dans Le Monde en assurant que la France est «sous le coup d'une menace terroriste majeure».

Les responsables de la lutte antiterroriste craignent notamment un attentat d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). L'organisation, qui compterait quelques centaines de membres, a menacé de s'en prendre directement à la France après un raid lancé contre ses troupes au Mali en juillet.

Le gouvernement pense qu'AQMI est responsable de l'enlèvement de cinq ressortissants français au Niger, la semaine dernière. On n'a reçu aucune demande de rançon depuis leur disparition.

Cependant, des élus socialistes et centristes français doutent de l'importance de la menace terroriste, arguant qu'il s'agit peut-être d'un stratagème du gouvernement pour détourner l'attention de la polémique sur l'expulsion des Roms.

«Tout à fait crédible»

Louis Caprioli, qui était chargé de 1998 à 2004 de la lutte contre le terrorisme à la Direction de la surveillance du territoire (aujourd'hui devenu la DCRI), a indiqué hier à La Presse que la menace d'un attentat en sol français est «tout à fait crédible».

«Les Anglais ont connu ça en 2005... C'est ce que tout le monde redoute le plus: la personne se fond dans la population, elle n'arrive pas avec un tchador, mais plutôt un sac à main où est cachée la bombe. Personne ne peut l'empêcher d'accéder aux lieux publics», souligne-t-il.

Depuis le début des années 90, les intégristes ont la France dans leur collimateur, note M. Caprioli, qui insiste sur le fait que plusieurs tentatives ont été désamorcées depuis ce temps.

Le soutien que Paris apporte au régime algérien, la présence de soldats français en Afghanistan et la récente adoption d'un projet de loi interdisant le port du niqab et de la burqa sont quelques-uns des éléments susceptibles d'alimenter la colère des groupes radicaux, dit-il.