Deux biographies publiées cette semaine brossent un portrait ambigu de cette «première dame de France» peu conformiste, nous explique notre collaborateur.

On ne saurait dire que les deux livres parus mercredi à propos de Carla Bruni marqueront l'histoire de la littérature ou celle de la biographie.

Ce sont des ouvrages d'actualité vite écrits, dont les auteurs ne se sont pas privés d'étirer la sauce pour arriver à un nombre de pages acceptable.

«Ça ne risque en aucune manière de secouer la France», comme l'écrit Le Monde. Mais c'est un fait qu'on en parle et que ça se vend.

Les deux «bios» brossent un portrait parfois étonnant, toujours ambigu, de cette «première dame de France» inusitée.

L'ouvrage de Besma Lahouri n'est pas autorisé, contrairement à l'autre. Il est vrai qu'on y lit - sacrilège entre tous - que la jeune Carla, dès l'âge de 16 ans, se serait fait refaire le nez, qu'elle aurait eu trop long.

La riche héritière italienne avait de l'ambition et de la suite dans les idées.

À 17 ans, elle voulait être célèbre et accrocher Mick Jagger à son tableau de chasse. Elle attrapa d'abord Eric Clapton, qui l'introduisit auprès de la superstar: l'idylle aurait duré huit ans.

Carla est une «don Juane», une amazone, disent certains de ses proches. Le chanteur Louis Bertignac, les comédiens Vincent Pérez et Charles Berling, l'avocat playboy Arno Klarsfeld et quelques autres personnalités du Tout-Paris font partie de ses conquêtes.

Passé le cap de la quarantaine, a-t-elle voulu «se caser» et, du même coup, s'offrir un président de la République?

La première dame affiche dans les circonstances officielles un air modeste et ingénu. Dans l'intimité, c'est autre chose. Selon Besma Lahouri, plusieurs membres du gouvernement ou de l'entourage présidentiel lui doivent leur poste, par exemple le ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand, ou Bernard Kouchner, aux Affaires étrangères. D'autres, au contraire, ont été victimes de sa vindicte: des conseillers présidentiels, parfois très proches, ont été mis sur la touche.

Au printemps 2010, lorsque émergent les fameuses rumeurs sur les infidélités conjugales supposées de Sarkozy, Carla est impitoyable.

Désignée comme l'une des âmes de ce complot, l'ancienne ministre de la Justice Rachida Dati perd sa voiture avec chauffeur et se retrouve persona non grata à l'Élysée.

Au téléphone, elle dit à Cécilia, l'ex-femme de Sarkozy: «C'est Rachida, pas de doute. J'ai devant moi un rapport de police. Je vous recommande de vous tenir à l'écart.»

La première dame a toujours continué d'habiter son luxueux appartement parisien et brille parfois par son absence dans les cérémonies ou les voyages officiels. Elle donne plutôt l'impression d'avoir annexé Nicolas Sarkozy à sa propre vie, où les ex, la famille et le palazzo du cap Nègre, en Méditerranée, tiennent une place importante.

Pendant des vacances d'été, Sarkozy, promu chef de famille, s'est ainsi retrouvé dans une assemblée houleuse de copropriétaires, mandaté par le clan Bruni-Tedeschi.

Les présidents Mitterrand ou Chirac avaient leurs idylles, mais les apparences étaient sauves. Sous le règne de Sarkozy, on est dans le postmoderne et le bizarre.

«Ce duo est anxiogène, explique le célèbre journaliste Jean-François Kahn. Inconsciemment, les Français ne croient pas à ce couple. Pour eux, Sarkozy s'est acheté un star.»



Carla, une vie secrète. Besma Lahouri, Flammarion, 295 pages.

Carla et les ambitieux. Yves Derai et Michael Darmon, Éditions du Moment, 167 pages.